Association Encrier - Poésies - Rencontre avec Christine de Pisan - CommentairesPoésies et quelques textes2024-03-21T20:09:20+01:00urn:md5:6dee2198890329993435107ced91587cDotclearRencontre avec un texte anonyme faussement attribué à Christine de Pisan (1364 - 1430?) : À qui dir’-elle sa peine - Saramaiaurn:md5:2bc3fc2cc46195bf4d38842280028bb92023-03-21T09:39:24+01:002023-03-21T09:39:24+01:00Saramaia<p>Bonjour,<br />
Cette chanson n’est pas de Christine de Pizan, c’est une pièce anonyme incluse dans des chansonniers du 16e siècle qui a été faussement attribuée à cette autrice, notamment dans l’anthologie de poésie de Pierre Seghers, et qui est totalement contraire à la conception que Christine de Pizan se faisait de l’amour. Il s’agit donc d’une volonté moderne de « corriger » les idées de l’autrice médiévale en l’assimilant de manière apocryphe aux lieux communs et au style de la poésie amoureuse du 16e siècle, dans un splendide anachronisme (le « tétin » qui commence à mollir est un pur #seiziemesiecle).<br />
Voici les sources :<br />
L’édition de cette ballade au 19e siècle (époque du Gay Sçavoir et des chorales et orphéons) par Gaston Paris, p. 13 :<br />
<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50192" title="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50192" rel="ugc nofollow">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...</a><br />
Paris ne signale pas qu’il édite la 1e strophe d’après une autre mise en musique par Francesco de Layolle<br />
(visible par exemple dans le tome 1 du Parangon des Chansons de Jacques Moderne, voir ici folio 15 : <a href="https://stimmbuecher.digitale-sammlungen.de//view?id=bsb00072027" title="https://stimmbuecher.digitale-sammlungen.de//view?id=bsb00072027" rel="ugc nofollow">https://stimmbuecher.digitale-samml...</a> ),<br />
alors que le texte de la chanson dans le manuscrit qui lui sert de base est différent. Le manuscrit en question (Bibliothèque nationale de France, fonds français 12744) a été numérisé est visible ici (voir le folio IXr):<br />
<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8454676w/f43.item.r=Fran%C3%A7ais%2012744" title="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8454676w/f43.item.r=Fran%C3%A7ais%2012744" rel="ugc nofollow">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...</a><br />
Comme vous voyez, l’histoire du texte publié sur cette page est à l’image des manipulations que la société moderne a pratiquées à partir des sources pour parvenir à une image du Moyen Âge (en l’occurrence de la Renaissance) qui puisse l’intéresser et lui apparaître attrayante.</p>
<p>Auriez-vous la gentillesse de corriger cette page web ? La présence de cette attribution erronée sur internet consolide et perpétue sa diffusion et l’a propagée jusque dans ses anthologies féminines pour enfants… c’est rendre un hommage assez pervers à une femme qui s’est battue toute sa vie pour continuer à dire et écrire que l’amour courtois, c’est à dire l’amour adultère, menait les femmes à la répudiation, à la mort par assassinat et au déshonneur social.</p>
<p>Si vous cherchez des pièces authentiques de Christine de Pizan, je vous renvoie à une édition complète de sa poésie lyrique :<br />
<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5108q" title="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5108q" rel="ugc nofollow">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...</a></p>