Association Encrier - Poésies

Rencontres avec des textes d'auteurs Rencontre avec Marc Azema : La geste du guerrier mochica

Dans son livre, Marc Azema est amené à parler incidemment de la culture mochita —qui ne connaissait pas l’écriture—pour donner un exemple d’une « intense utilisation de la narration graphique » sur des céramiques

La geste du guerrier mochica (Marc Azema)

Partons à l'autre bout du monde à la rencontre d'une civilisation plus récente mais qui ne connaît pas encore l’écriture, la culture mochica ou moche.

Elle intègre l'ensemble des peuples précolombiens au nord du Pérou ,le long de la côte et des Andes .Cette culture se développe de 100 ans avant Jésus-Christ à 700 après Jésus-Christ; elle se caractérise en l'absence de langage écrit par une intense utilisation de la narration graphique sur le support de prédilection des Mochica, la céramique;

La céramique mochica offre une quantité impressionnante de séquences avec des personnages en action.

Pendant longtemps, on pensait que ces œuvres reflétaient essentiellement la vie quotidienne . Aujourd’hui, en fonction des dernières découvertes et une analyse minutieuse des personnages, des chercheurs ont démontré qu'elles décrivent les rites de la société mochica. Cette mise en image n’aborde qu'un nombre limité de thèmes qui correspondent à des récits mythiques et au déroulement de rituel. Ces séquences narratives sont isolées sur les vases mais le regroupement des informations qu'elles révèlent permet de mieux comprendre les cérémonies qui rythmaient la vie des Mochica.

Sergio Purini, conservateur des collections Amérique des Musée Royaux d’Art et d'Histoire de Bruxelles a pu reconstituer précisément l'intégralité d’un de ces récits graphiques :

la  geste du guerrier mochica.

Cette analyse iconographique a permis d'identifier les différentes séquences composant cette épopée: — les guerriers prêts à partir en combat

—le combat proprement dit

—la capture des prisonniers —le retour dans le « camp » des vainqueurs —la présentation des prisonniers

—leur mise à mort avec collecte de leur sang dans une coupe (Relevés en déroulé provenant de plusieurs vases. D'après Donnant et Mac Clelland, 1999)

—la présentation de la coupe aux personnages symbolisant Ai Apaec, le dieu suprême

(Le serpent à deux têtes sépare la scène du monde des hommes de celui des dieux. Dans la partie supérieure de la scène, l’oiseau-guerrier, suivi par la Déesse et par le Dieu Hibou, remet la coupe au Dieu Rayonnant. Le chien et l’iguane anthropomorphe les accompagne(Paloma Carcedo))

—la consommation du sang par Ai Apaec.

(Un des vases ayant servi pour réaliser le déroulé ci-dessus :Céramique"Moulé/Peint" 287x154x154mm-MuséeLarco,LIMA(ML010847))

MARC AZEMA page 172 de La Préhistoire du cinéma, éditions errance, octobre 2011