Dialogue final avec le père (dans son film Poesia sin fin)
– Tu n’as pas été capable de m’embrasser,
ni de me prendre dans tes bras,
ni de me parler avec douceur.
– 'Les hommes ne se touchent pas
ni ne se disent des mots tendres
- Tu m’as laissé pleurer pendant des heures.
– Pleurnichard, je ne console jamais personne !
– La sirène du bateau m’appelle,
torrent de routes m’offrant leurs caresses.
– Tu vas mourir de faim à Paris,
allongé dans la rue.
– Et toi tu mourras entre tes culottes, soutien-gorges,
tes bas, jupons et gilets de laine
tachés du sang des ouvriers.
– Insolent, je vais te péter la gueule !
– Je ne suis plus un enfant. Je te rends tes gifles !
– Sacrilège, tu as perdu ton père !
Je ne perds pas un père, parce que je n’en ai jamais eu, tu perds un fils.
Jamais plus nous ne nous reverrons.
Étranger au sein d’une antique graine je traverse le temps telle une comète invisible.