Impossible de traverser la route maritime en direction de Svolvær et des îles Lofoten sans admirer le site de Svolværgeita : deux formations rocheuses en forme de cornes de chèvre surplombant la ville. Culminant à 590 mètres, ces deux pics viennent compléter le mont Fløya. Comme de nombreuses montagnes du nord de la Norvège, Fløya a fait l’objet de légendes et de superstitions. De nombreux pêcheurs grimpaient autrefois à son sommet pour offrir la première prise de cabillaud des Lofoten de l’année au Svolværgeita. Si les traditions se sont estompées, la vue du sommet reste spectaculaire. Chaque ascension jusqu’à la cime est récompensée par une vue panoramique sur Svolvær et sur la mer. Les plus téméraires pourront tester les différentes voies d’escalade conduisant au sommet. Vous pourrez cependant faire preuve d’encore plus d’audace une fois parvenus au sommet : sauter les 1,50 mètres qui séparent une corne de chèvre de l’autre. Ferdinand Schjelderup, Alf Bonnevie Bryn et Carl Wilhelm Rubenson sont les premiers à avoir franchi le sommet du Svolværgeita, le 1er août 1910. Cent ans plus tard, Magnus Holm, âgé de neuf ans, devint le plus jeune « alpiniste » à avoir atteint le sommet. Il a lui aussi sauté entre les cornes.
Texte du site de Hurtigruten de l'express côtier
Réédition du billet du 4 décembre 2014
Écoutez Juliette
O. V. de L. Milosz – TOUS LES MORTS SONT IVRES
Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale
Au cimetière étrange de Lofoten.
L’horloge du dégel tictaque lointaine
Au coeur des cercueils pauvres de Lofoten.
Et grâce aux trous creusés par le noir printemps
Les corbeaux sont gras de froide chair humaine ;
Et grâce au maigre vent à la voix d’enfant
Le sommeil est doux aux morts de Lofoten.
Je ne verrai très probablement jamais
Ni la mer ni les tombes de Lofoten
Et pourtant c’est en moi comme si j’aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa peine.
Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
— Le nom sonne à mon oreille étrange et doux,
Vraiment, dites-moi, dormez vous, dormez-vous ?
— Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Beau claret dont ma coupe d’argent est pleine,
Des histoires plus charmantes ou moins folles ;
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.
Il fait bon. Dans le foyer doucement traîne
La voix du plus mélancolique des mois.
— Ah ! les morts, y compris ceux de Lofoten —
Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi.
(Les Sept Solitudes)
Écoutez Danièle Lebrun