Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Oscar Milosz Rencontre avec Svolvaer et les îles LOFOTEN et Oskar V de Milosz : Tous les morts sont ivres

Impossible de traverser la route maritime en direction de Svolvær et des îles Lofoten sans admirer le site de Svolværgeita : deux formations rocheuses en forme de cornes de chèvre surplombant la ville. Culminant à 590 mètres, ces deux pics viennent compléter le mont Fløya. Comme de nombreuses montagnes du nord de la Norvège, Fløya a fait l’objet de légendes et de superstitions. De nombreux pêcheurs grimpaient autrefois à son sommet pour offrir la première prise de cabillaud des Lofoten de l’année au Svolværgeita. Si les traditions se sont estompées, la vue du sommet reste spectaculaire. Chaque ascension jusqu’à la cime est récompensée par une vue panoramique sur Svolvær et sur la mer. Les plus téméraires pourront tester les différentes voies d’escalade conduisant au sommet. Vous pourrez cependant faire preuve d’encore plus d’audace une fois parvenus au sommet : sauter les 1,50 mètres qui séparent une corne de chèvre de l’autre. Ferdinand Schjelderup, Alf Bonnevie Bryn et Carl Wilhelm Rubenson sont les premiers à avoir franchi le sommet du Svolværgeita, le 1er août 1910. Cent ans plus tard, Magnus Holm, âgé de neuf ans, devint le plus jeune « alpiniste » à avoir atteint le sommet. Il a lui aussi sauté entre les cornes.

Texte du site de Hurtigruten de l'express côtier

Réédition du billet du 4 décembre 2014

Écoutez Juliette

O. V. de L. Milosz – TOUS LES MORTS SONT IVRES

Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale

Au cimetière étrange de Lofoten.

L’horloge du dégel tictaque lointaine

Au coeur des cercueils pauvres de Lofoten.


Et grâce aux trous creusés par le noir printemps

Les corbeaux sont gras de froide chair humaine ;

Et grâce au maigre vent à la voix d’enfant

Le sommeil est doux aux morts de Lofoten.


Je ne verrai très probablement jamais

Ni la mer ni les tombes de Lofoten

Et pourtant c’est en moi comme si j’aimais

Ce lointain coin de terre et toute sa peine.


Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines

Au cimetière étranger de Lofoten

— Le nom sonne à mon oreille étrange et doux,

Vraiment, dites-moi, dormez vous, dormez-vous ?


— Tu pourrais me conter des choses plus drôles

Beau claret dont ma coupe d’argent est pleine,

Des histoires plus charmantes ou moins folles ;

Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.


Il fait bon. Dans le foyer doucement traîne

La voix du plus mélancolique des mois.

— Ah ! les morts, y compris ceux de Lofoten

Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi.

(Les Sept Solitudes)

Écoutez Danièle Lebrun