(D’après Pétrarque) I
Valle che de'lamenti miei se' piena (Vallée si remplie de toutes mes lamentations,)
Rivière qui grossis de mes larmes amères,
les oiselets des bois pourraient le narrer
et les bêtes sensibles et les poissons muets
que l’une et l’autre rive de verdure enserrent ;
Val encore murmurant de mille serments brûlants
et lacis de sentiers émaillés d’herbes folles,
blocs d’un amour fort, durcis avant le temps,
fissures de la terre sur les pentes escarpées,
ainsi sans remuer branle l’inébranlable
et je branle de même… tel au coeur du granit
sourd le chagrin, sur fond de joies anciennes
où je cherche les traces du beau et de l’honneur
évanouies, comme le faucon après la mue
abandonne sa dépouille sur la terre nue.
décembre 1933-janvier 1934
Mandelstam -Nouveaux poèmes 1930-1934-page 107-éditions Allia-Traduction de Christiane Pighetti -2010






