Association Encrier - Poésies

Ossip Mandelstam Rencontre avec Ossip Mandelstam : (D’après Pétrarque) II

(D’après Pétrarque) II

Quel rossignuol che si soave piagne …(Ce rossignol qui pleure si doucement,)

Tel, esseulé, le rossignol dans la nuit bleue

célèbre les siens parmi la gent ailée,

tel par les combes, les vals et les collines

module et coule le silence des prés,


il émaille et chatouille la grande nuit

et m’accompagne, solitaire désormais… oui

moi ! pose lacs et rets, distille la mémoire

à la mortelle angoisse qu’instille la déesse.


Ô iris de la peur !

Éther d’yeux clairvoyants au profond de l’éther

qu’enfouit la terre en son berceau de cendres aveugle


—ainsi toi, la fileuse, te voilà satisfaite !

En larmes je l’affirme : tout le charme du monde

dure à peine ce que dure un battement de cils.

novembre-décembre 1933

Mandelstam -Nouveaux poèmes 1930-1934-page 108-éditions Allia-Traduction de Christiane Pighetti -2010