(D’après Pétrarque) III
Or che’l ciel e la terra e’l vento tace…(Maintenant que le ciel et la terre et le vent se taisent)
Quand la nuit s’assoupit et que la chaleur tombe,
quand un sommeil de cygne détend l’âme du fauve
quand la nuit mène sa ronde, file son fil de feu,
quand le zéphyr en mer berce la forte houle,
je sens, je brûle, j’explose, je pleure … mais elle n’entend,
elle, toujours elle, si proche, irrésistible,
la nuit, la nuit entière aux aguets,
elle qui respire toute d’un lointain bonheur.
Si la source est une, l’eau tient divers langages :
tantôt douce, tantôt dure… dès lors se peut-il
que demeure une et même l’aimée à double visage ?
Dix mille fois le jour — n’est-ce pas merveille ,
il me faut pour de bon mourir, puis renaître,
renaître de même manière extraordinaire.
14-24 décembre 1933
Mandelstam -Nouveaux poèmes 1930-1934-page 109-éditions Allia-Traduction de Christiane Pighetti -2010






