La peur les a décidés, c’est ce que disent certains le dégoût, la panique, la lâcheté, disent d’autres.
Eux, les pieds, ont dit c’est la nécessité.
On les a vus partir un soir, disent certains un matin, disent d’autres.
C’était il y a longtemps.
Où vont les pieds, quand ils s’en vont ?
Où sont allés nos pieds, ressassent les arrêtés. Pourquoi nos pieds s’en sont allés ?
Un jour, peut-être, ils se diront - qu’avons-nous fait ? - que n’avons-nous pas fait ? - où sommes-nous ?
Un jour peut-être des pieds nouveaux pousseront sur les moignons des arrêtés. Un jour peut-être les arrêtés se lèveront.
Certains diront ‘c’est quoi, la nécessité ?’
Les autres seront déjà loin.
Commentaires 1
Je regarde la profonde actualité tragique de ta parabole :
Le prisonnier fantasme qu’il se coupe les pieds , lesquels retrouvent la liberté et s’enfuient …
Le tragique est que une fois sans pieds, que deviendrait l’arrêté ? Quant au devenir de ses pieds séparés de son corps …? (J'imagine l'horreur ...)
Mais un fantasme reste un fantasme la plupart du temps, heureusement
(On a déjà vu un animal pris dans un piège qui se ronge la patte pour pouvoir s’enfuir : il peut certes s’enfuir
mais ensuite que lui arrive-t-il ?)
Tragique époque