Encrier 87

Textes de 2022 Texte de Lilah d'avril 2022 : L'imprévu : ami ou ennemi

L’IMPRÉVU: AMI? ENNEMI?

L’imprévu, certains l’espèrent comme la bouffée d’oxygène indispensable à la vie quand d’autres le repoussent dès qu'il semble s’approcher d’eux.

Elle a fait partie de cette dernière catégorie, mais pour sa défense, il faut dire que dès sa mise au monde, l’imprévu s’est invité en mal dans sa vie !

Maintenant, elle n’a pas de problème avec lui parce qu' aucune honte ne l’envahit plus, qui l’oblige à mentir comme avant, quand elle n'osait avouer à ses proches la terreur qu’il faisait naître en elle!

C’est depuis sa rencontre avec l’écriture, depuis qu’ elle s'autorise à dire sa vérité, depuis qu’elle ne permet pas aux autres d’affirmer que le ressenti qui la traverse est faux, interdit ou encore ridicule; c’est depuis cette découverte qu’elle est libérée de ce trouble.

Certains ne se priveront pas de penser, de dire que ce qu’ils entendent dans ses textes est agaçant, déprimant, qu’elle rabâche toujours la même chose et que de surcroît, c’est mal écrit.

Elle n’écrit pas pour amuser ou séduire, activités au centre de sa vie bien trop longtemps!

Maintenant, elle laisse la liberté à ses mots parce qu’elle sait qu’ ils l’aident à faire un petit pas vers l’imprévu; mais elle va à son rythme, sans rien forcer.

L’ écriture, c’est son espace de liberté, c’est le lit, la chambre qu’enfant et adolescente elle n’a pas eus en propre. Avec les mots, elle se construit un nid de bras d’une vraie maman et s’ y cajole à l’infini .

L’écriture peut tout dire, même ce qu’il est interdit de penser; dès que les mots se posent sur la feuille, ils s’arrondissent, se tempèrent, et cependant restent justes, et libèrent .

C’est elle et ce n’est pas elle qui écrit, et même si son imprévu n’a rien d’original, s’il ne peut pas vous raconter des voyages fabuleux au bout du monde ou des rencontres sulfureuses avec des hommes connus, tout ce qui pourrait accrocher votre intérêt, peu lui importe; simplement elle sait que ses phrases écrites, qu’elle lit à voix haute dans la cabane du jardin, s’envolent dans le monde pour y vivre leur vie silencieuse, comme les papillons au printemps... et ça lui suffit.

Ce matin, alors qu' elle tentait, assise sur un banc du jardin public, de se réchauffer le coeur aux premiers rayons du soleil de l’année, l’ imprévu a pris corps dans le sourire et le regard que lui a adressés un petit garçon assis dans sa poussette, près de sa maman; si elle s'autorise à raconter cette banalité, c’est que le petit pas dans l’imprévu de la journée était là, au goût délicieux d’ un bonbon d'enfance !

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