Encrier 87

Textes de Yvos Texte de Yvos du 10 février : Oh Mali, si tu savais !

Oh Mali, si tu savais !

Au Mali, qui mal y pense, entre deux coups d’Etat, peut comparer son mariage sans état d’âme à celui de la première dame

On assiste depuis quelque temps à une recrudescence des mariages le dimanche à Bamako. Tous ces couples se précipitant dans les préparatifs d’une union conjugale, avec l’allégresse d’une fête en partage, sont le reflet de deux phénomènes propres à notre pays : la population du Mali est très majoritairement jeune et en âge de pouvoir procréer et le redressement économique récent instauré par le pouvoir en place qui ouvre, à tout un chacun, un regain d’optimisme propice à la fondation d’un ménage et d’une famille.

Pourtant, cette situation jubilatoire ne doit pas effacer le souvenir de notre histoire nationale qui a souvent montré les limites que l’opulence tapageuse affichait, en les masquant, nos vulnérabilités climatiques, économiques et politiques. Rappelons que notre fragile démocratie s’est construite au prix de rivalités ethniques et tribales sanglantes ayant engendré autant de vengeances renégates et de trahisons assassines ; celle-ci ont débouché sur de féroces coups d’Etat aussi despotiques qu’éphémères.

De nos jours subsistent des centaines de conflits larvés, parfois d’anciennes rivalités avérées, mais aussi des antagonismes imprécis et sans fondement entre les populations de villages voisins, entre tribus qui partagent un même espace, entre quartiers d’une même bourgade ou d’un bord à l’autre d’une semblable rue en zone urbaine.

En période de paix (toute relative), les mariages sont célébrés entre les différents groupes qui hier se haïssaient et qui aujourd’hui aspirent, par la célébration de l’alliance des forces vives, au rétablissement de la richesse exubérante, du partage égalitaire, de la sécurité garantie.

Lorsque l’on s’en réfère à l’occident qui a tant fait peser le colonialisme arrogant, en référence du développement culturel africain, on se rend compte que la notion de mariage arrangé, qui était la norme jusqu’au début du siècle dernier, a laissé la place au mariage d’amour, aux unions librement consenties et à des formes de mise en relation des futurs époux par le biais de réseaux sociaux et de dynamiques de rencontres. Ceux-ci n’apparaissent point, comme c’est le cas au Mali, en tant que solution de rabibochage des conflits auxquels se livrent les différentes peuplades présentent sur notre territoire.

Et notre président, me direz-vous, dans tout cela ? Malgré tout le respect du à sa fonction on peut lui reprocher, en maître des manipulations tacticiennes et fin connaisseur des avantages conférées par l’adoption des alliances maritales, d’avoir, opportunément, fait jouer ses influences politiques, en épousant une jeune femme issue de souche Bambara tandis que lui-même est notoirement connu pour être originaire de chez les Dogons.

On remarquera, en outre, que l’épouse du président naquit d’un père Malinké et d’une mère Khassonké tandis que Ibrahim Boubacar Keïta, notre champion des influences généalogiques, fut éjecté du corps de sa mère Peul, elle-même s’étant alliée à un géniteur Toucouleur.

La première dame fut épousée dans le but de ménager chèvre, chou et consorts, apportant au souverain la caution nécessaire à l’unification du peuple malien et à l’assimilation de ses multiples cultures vernaculaires avec pour conséquence de favoriser l’essor économique qui profite à notre nation. Car comme le dit le proverbe : « Une poignée d’abeille vaut mieux qu’un sac de mouches. »

Yvos

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