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Textes de Yvos Texte de Yvos du 4 mars -Jeu 4 : la controverse de Constantinople

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La controverse de Constantinople

Après la lecture du roman: « l’enchantement du monde » d’Olivier Weber et en écoutant la bande son du film « Parle avec elle » de Pedro Almodovar.

La grande armée des janissaires de Mehmet II entre dans Constantinople la grandiose, ville monde qui enjambe le Bosphore et semble vouloir faire la jonction entre l’Orient merveilleux et l’Occident de la Renaissance.

En 1479, le grand sultan parmi les sultans, protecteur des croyants, lumière du monde, est en passe de devenir le monarque le plus puissant de la planète depuis les conquêtes épiques qui l’ont couronné vainqueur de l’Empire byzantin.

Pourtant cette époque de paix relative, cette parenthèse dans l’accomplissement des conquêtes est loin de s’apparenter à l’enchantement du monde que désirent ardemment les artisans de la justice et de la paix. Au pays du levant, sur les collines de Sultanamet, c’est de l’intérieur du royaume où se mêlent toutes les intrigues de palais, à Topkapi, que les complots menacent le pouvoir du monarque.

Là se rencontrent les imams corrompus outrageants le pouvoir du maître, les oulémas conspirateurs, aux arguments sacrificiels, les vizirs intrigants qui attaquent le droit et les valeurs et même jusqu’aux eunuques farfelus qui préparent la sédition à venir.

Ils sont tous occupés à favoriser l’avènement du plus jeune des fils de Mehmet II, le plus à même d’empêcher que s’accomplisse un geste de paix avec les Etats de Venise, du Milanais, avec la Provence, le Vatican, l’Andalous ou l’Estrémadure. Une main tendue à la chrétienté pour en finir avec les guerres d’annexions et de conquêtes.

Au sein du harem peuplé de Géorgiennes, d’Anatoliennes, de Spitiennes, de Perses d’Arméniennes, d’Abyssiniennes, de Sévillanes, il se raconte que le sultan aimerait faire venir le plus grand peintre de la Renaissance qui n’est autre que l’officiel du doge de Venise, la sérénissime. Le grand monarque désire être représenté avec les perspectives de l’age d’or pictural dignes de souligner sa majesté intensifiée des dernières couleurs faisant chatoyer les tableaux, de beauté, de magnificence et de charme.

Mais cela ne se conçoit pas en terre d’islam. La représentation de l’homme à son image est interdite à Istanbul, secouée par les réformes religieuses et les luttes de pouvoir. Aucune reproduction ni symbole ou même en allégorie d’un sujet du précieux Mahomet ne sauraient être tolérés, qui supplanteraient son pouvoir divin sur terre.

Le dilemme est immense dans la capitale byzantine, à la cour fastueuse du sultan et même au sein des janissaires où il se dit qu’existe une frange factieuse de rebelles appelée la secte des assassins qui feront tout pour que ces tableaux blasphématoires ne soient pas réalisés. D’autant qu’il se murmure que le mariage du peintre vénitien, amoureux qu’il est d’une femme juive, la fille du médecin apothicaire du sultan, risque fort d’empiéter sur les intérêts des musulmans en créant un rapprochement avec la communauté judaïque.

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