Encrier 87

Textes de Yvos Texte de Yvos du 18 décembre :Amis du porc salut !

Amis du porc salut !

Comme itinéraire pour se rendre au port, le travers peut s’avérer plus rapide que la ligne droite. L’apport d’une telle évidence, entrée dans la mémoire d’un GPS, indique et confirme sans ambigüité que l’idée selon laquelle, pour aller au port, il faudrait tracer tout droit, n’est pas si judicieuse. Mais, tenaces étant les imprévus, il s’avéra qu’une aventure pour le moins diablement inopinée et fort dérangeante m’attendait dans le dédale des travers que j’empruntais. Je fus fortuitement précipité et même perforé dans ce trajet vers le port, épique dans sa nature, par une soudaine rencontre, hérissant sur les pores nichés dans ma peau, mes poils de senteurs odorantes. Je reconnu immédiatement cet ébahissement comme le bref signal du bonjour qu’un ami du port salua urbainement.

Il faut signaler que j’eus un accident avec un chien à mobylette qui suivait tranquillement la voie de son maître lorsqu’il heurta, tout hésitant, un bâton en balade, tâtonnant d’inattention, sur l’itinéraire qu’il tentait de tracer. Cela est courant chez un canidé non racé lorsqu’il laisse tomber ses attaches mais l’est moins pour ce qui concerne un pétarou du genre de ma mob, équipée comme il se doit d’un GPS utilitaire et de toute une sécurité active, quoique démunie de port de ceinture. Mais n’ayant pas encore appris à éviter les chiens trottinant sur les travers menant au port, en poursuite neurasthénique de bâtons qui, eux-mêmes, se trouvent être à l’arrêt au port.

Et pour le dire plus précisément, en stationnement, sans gène aucune, quoique en descente, sur la côte du port, celle qui monte au col du Somport avant de dévaler vers Port bou, à la frontière espagnole. Là où il est recommandé d’attendre la fin du marché aux cochons pour apprendre l’art qui consiste à acheter du lard ajouté, aux larrons à Argeles, et à des porcs, vendre des travers avec profit, sur la jetée de Port Vendre.

Là aussi où il est préférable d’attendre sagement à la station l’omnibus de nuit qui fait train cochette. Pour ne pas rater le coche, faire signe au machiniste, dire « Por favor » en espagnol radieux de Gijón ou en portugais de Porto. Ne pas oublier de demander quel train prendre por se rendre au port sans douane importune avec des bagages remplis d’articles d’import-export.

Sans qu’une plainte soit portée contre moi, sans porter atteinte à ce chien non muselé qu’a mis des (oui canidé !) bâtons dans les roues de mon deux-roues.

« Votre récit pittoresque risque de vous faire passer pour un pitre. Il est sans rapport intime avec la fable à repasser les aventures des rapports d’un rat voulant se faire porc quand bien même les cochons sourient (souris !)». Me dit un banquier porté sur l’usure et croisé sur l’emprunt de mon itinéraire pour me porter au port, où s’embarquent les porcs seulés et sevrés, errants après tant d’élevages intensifs. N’étant d’aucune utilité pour lui car sans apport personnel, il ne put me porté aux nues.

« Cochon qui s’en dédie » lui dis-je. Je remplirai moi seul une tirelire sur le dos fendu d’un porc en catimini ( en cochette quoi), et même si l’équilibre instable de ce port de guingois ne repose pas sur un long filet mignon. Je me sens bien sur ce port en balance qui est le mien, et dont je ne veux point me départir, à l’heure où d’aucun ont à cœur de cultiver le slogan abandonnique : « balance ton porc » !

Yvos

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.