Tour dans l’exposition de Rebeyrolle : Premières impressions
De la grenouille au serpent en passant par le crapaud et le lézard , j’arrive au pied du barrage où Madame Tellikjian se débat désespérément pour sauver son pauvre sac (voir le texte de S. ci-dessous).
Puis la grande nature morte m’appelle avec son chien émouvant qui , sous la table’ attend sa pitance .
Et Bacchus dans la lumière fait honneur au vin , tandis que ses compères dévorent des raisins .
Les grands paysages I et II me fascinent et me font tourner la tête .
La beauté des deux arbres me permet d’oublier les horreurs des corps déchiquetés tandis que truite et sangliers s’ébattent qui dans le liquide , qui dans les halliers .
Pour finir , huîtres et poisson me font saliver , et les entrecôtes de la mezzanine, elles aussi …
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1 - Texte de S. écrit et lu en atelier d'écriture à l'Espace Paul Rebeyrolle à Eymoutiers du 14 novembre 2015
Il est arrivé par hasard, sans faire de bruit, un samedi matin. Petit bout de rien, tout fripé, déjà balotté. Elle l'a expulsé sans crier gare, à peine si elle avait remarqué sa présence. « Debout, collé contre la colonne vertébrale » lui ont dit les spécialistes. Pas vu, pas pris en quelque sorte. Il était amputé avant d'être là, d'amour et de vie.
Avec la vieille dame aux cheveux blancs il regardait la lune par le vasistas du grenier. Cette fenêtre sur l'extérieur lui ouvrait le monde. Quand on marche sur une jambe, on fait d'un rien une canne pour s'appuyer. Car les flots le submergeaient : ses pleurs, ses hauts, ses bas, son noir quotidien. La force des marées parfois le recouvrait, le ramenait en arrière, l'obligeant sans cesse à toujours tout recommencer.
Il tend la main, je la vois qui se fraye un chemin dans les embruns. « Où est ton sac ? » je lui demande. Il ne me répond pas. Je crie alors, fort, encore plus fort, ma voix recouvre le mouvement de la houle. Je guette le reflux, je recommence : « donne-moi ta besace, tu seras soulagé ». Un rictus d'effort inonde son visage. Je recupère un morceau de toile jaune. Il me leste. Je tombe à terre, plombé par le poids de sa vie. Petit homme désarticulé, enfièvré, petit pantin démantibulé, ton ancre me tire vers le fond. Je ressens tes obscurs, tes zones d'ombre, ta vie de mannequin congelé que je ne souhaiterais pas gravé sur une pellicule de papier glacé. Je m'asphyxie à mon tour, moi qui rêve de soleil levant, de vie libre et légère portée par les vents.
On m'a dit un jour : « on a toujours le choix, rien n'est jamais vraiment imposé ». Te perdre ou continuer ma route ? Etre altruiste ou égoïste ? Le remords me grignote de l'intérieur. Rien ne sera facile, il n'y a pas de juste choix.
Je lâche ta main. Je te laisse dériver, livré à toi-même. La mer bientôt te recouvre. J'ai passé mon chemin. Finalement je n'aurais pas dû. Il n'y avait pas de juste choix. La vieille dame au chignon blanc me le disait si souvent, elle si pleine de sagesse. Quand j'y songe, j'étais si jeune et insouciant. Si j'avais su.
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2- Texte de J. écrit et lu en atelier d'écriture à l'Espace Paul Rebeyrolle à Eymoutiers du 14 novembre 2015
Bacchus dans la lumière du vent
Aujourd'hui , Bacchus invite deux compères pour arroser les vendanges du ciel .
Raisin rouge , raisin blanc : ils dévorent ces cadeaux du soleil .
L'un des compères est parti dans un nirvana indicible .
L'autre s'empiffre de raisin après avoir vidé une carafe .
Bacchus , l'air diabolique , dirige les opérations : lui tient bien le vin et poursuit son oeuvre
d'enivrement de ses compères .
Les vapeurs d'alcool grises et bleues envahissent l'espace .
Le ciel s'obscurcit et , étalés sur le sol , les deux compères ne savent plus où ils sont .
Les réveils seront difficiles .
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3 - Texte de J. écrit et lu en atelier d'écriture à l'Espace Paul Rebeyrolle à Eymoutiers du 14 novembre 2015
La pluie et le beau temps
Zoé et Timothé partent à la chasse aux papillons .
Les voilà qui arrivent près de la mare : Ils sont fascinés par les libellules bleues qui volettent alentour .
Un pêcheur qui passe par là , besace pleine , les interpelle : « La chasse est bonne , les enfants ? »
Zoé ne répond pas mais s’approche de la besace et demande à voir les poissons .
Le pêcheur , bon enfant , sort de sa besace une belle truite arc-en-ciel et lui dit : »Donne-moi ton beau papillon « flambé » et je te donne ma truite .
Zoé accepte l’échange .
Puis chacun part de son côté.
Le ciel s’assombrit .
Il se met à pleuvoir : la pluie résonne sur les feuillages du bois voisin .