Rencontre avec Armand Robin
Vie d’Essenine Vie d’Essenine chantée par un paysan russe De la région de Riazan ———————— Le plus triste et le plus tendre des garnements Fut batailleur , battu , saignant pendant trente ans .. ———————————— Il fit d’abord le fier dans nos guerre d’enfants , Sa mère en l’injuriant torchaient son nez sanglant . —————————— Mais plus tard nul ne vint soigner son âme en sang , Des femmes bien vêtues
Photo prise par A.Robin Métamorphoses de l’ivraie Les gestes de l’ignorance Deviennent soir et lit ; Moi , je m’habille De la toilette éphémère d’avril ; Sur l’immuable Tronc de sapin , je marque mes saisons ; Je parie contre mon vert tout le bleu-lune . ———————————————————— Il me faut couper la litière Pour la nappe de fête de l’ivraie . Il me faut courir une lande entière Avec mon peu de
Écoutez Paul Dirmeikis chanter Armand Robin avec le Trio Virtuel. Lecteur audio intégré LE FUGITIF Sous la lune quand je vais me courbant, Ombre à la hâtive nuit mêlée, Je ne sais si je fuis ou les nues ou mes ans. —————————————————— éparse en tous nos temps maladroits, la durée Nous compose en frêles formes superposées au monde ; L'eau que nous regardons glisser nous voit Connus par la mort.
Écoutez Paul Dirmeikis Lecteur audio intégré LA NUIT J’ai rejeté le Temps bien loin de mes épaules, Vos songes, mes humains, sont mon plus vrai manteau ; Mes genoux, faits d’espace et de collines molles, Semblables au destin cheminent sans un mot. ———————————————————— Je passe, brune et lente, en la brume des fleuves, Je n’y laisse flotter que mon indifférence Mais les eaux, malgré moi, le dos
Écoutez Paul Dirmeikis Lecteur audio intégré Je vous parle d’un buisson très éloigné,
On ne peut travailler pour vous qu’en vous quittant tous,
Et sans rien expliquer,
Je regarde tendrement votre monde que j’ai quitté. ———————— Venu de rien, je vais partout, sans guide ;
La poésie,
Herbe très vieille, qui tant de fois déjà fut ruminée,
Et qui se penche à droite à gauche
Dans la même ferme
Par la très pure lune aux nues mêlée, ————————————————————— Les printemps, les étés passeront ;
Toujours les paysans, les ouvriers danseront ;
Des fleurs par les jeunes gens seront jetées,
Des jeunes filles, flexibles plantes, seront aimées ;
Sous les astres indifférents le même drame sera joué. ——————————— Puis la commune mort sur nous tous dansera
Et pour toujours vainement nous
Tapuscrit de Armand Robin Celui qui , sourd au monde , S'enivre de connaissances En voyant dans les pages Passer vraiment le rire et les rives De ses premiers amis ruisseaux , Si frais qu'il y rafraichît ses doigts , Il retrouve lorsqu'il met sa tête dans les fougères La source des livres ; Et les lettres grisonnantes des eaux de fontaines Et les gouttes qui font la pluie calme dans les livres Lui
FRÊLE PASSAGER Les fleurs , les nuages , les reflets de la lune, Les bourgeons engourdis dans les forêts d'avril , Le chant du coucou , l'aile fuyante de l'hirondelle , Me font changer . Les visions légères et passagères du monde , L' impermanence des jours , la danse rapide des êtres , Des papillons indécis , des pèlerins au carrefour des routes Bougent dans ma vie . Je bouge pour une étonnante
L 'illettré Devant les bois , les blés , j'étais béat benêt : Je lisais ce qui ne se lit pas : Les nuages , les vents ,les rochers ,les ébats De la lune dans les bois . Et le ciel avec son grand étang courbé Où le soleil tout le jour accroît son caillou , Onde par onde , et le déferlement changeant Des nuages disposaient de moi . Les arbres tournaient lentement en moi Leurs pages tantôt bruyantes
L'UN DES AUTRES QUE JE FUS Ma vie n'avait pas encore commencé . Comme en vue d'exister , je me harcelais et me labourais ; mais ce travail moi contre moi ne pouvait être dit travail de moi , car , véritablement , puisque je n'étais pas en vie , aucun labeur n'était mien . Quelques souches vaillamment m'habitaient , très seules , pesantes d'attente . Or , en tout pays on exigeait non simplement
Écoutez Jean-Luc Godard le programme en quelques siècles Le programme en quelques siècles -Armand Robin les Poèmes indésirables (1943-1944) On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière. On supprimera l'Âme
Au nom de la Raison, Puis on supprimera la raison .
On supprimera la Charité Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice. On supprimera lˆAmour
Au nom