Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Sophia de Mello Breyner Andresen (1919-2004) Rencontre avec Sophia de Mello Breyner Andrasen : Lisbonne

LISBONNE

Je dis ::

« Lisbonne »

Quand je traverse —venant du Sud — le fleuve

Et la ville où j'arrive s'ouvre, comme si elle naissait de son propre nom

Elle s'ouvre et se dresse dans son étendue nocturne

Long scintillement de bleu et de fleuve

Corps. amoncelé de collines —

Je la vois mieux parce que je la dis

Tout se montre mieux parce que je dis

Tout montre mieux son être et sa carence

Parce que je dis

Lisbonne avec son nom d'être et de non-être

Ses méandres d'insomnie de surprise et de ferraille

Son éclat secret de chose de théâtre

Son sourire, complice de masque et d'intrigue

Pendant qu'à l’Occident la vaste mer se dilate

Lisbonne oscillante comme une grande barque.

Lisbonne cruellement construite le long de sa propre absence

Je dis le nom de la ville

— Je dis pour voir

1977

Sophia de Mello Breyner Andrase- Traduit du portugais par Joaquim Vital