Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Alfred de Musset Rencontre avec Alfred de Musset : À Julie

Écoutez Serge Kerval

A Julie

On me demande, par les rues,

Pourquoi je vais bayant aux grues,

Fumant mon cigare au soleil,

A quoi se passe ma jeunesse,

Et depuis trois ans de paresse

Ce qu'ont fait mes nuits sans sommeil.

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Donne-moi tes lèvres, Julie ;

Les folles nuits qui t'ont pâlie

Ont séché leur corail luisant.

Parfume-les de ton haleine ;

Donne-les-moi, mon Africaine,

Tes belles lèvres de pur sang.

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Mon imprimeur crie à tue-tête

Que sa machine est toujours prête,

Et que la mienne n'en peut mais.

D'honnêtes gens, qu'un club admire,

N'ont pas dédaigné de prédire

Que je n'en reviendrai jamais.

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Julie, as-tu du vin d'Espagne ?

Hier, nous battions la campagne ;

Va donc voir s'il en reste encor.

Ta bouche est brûlante, Julie ;

Inventons donc quelque folie

Qui nous perde l'âme et le corps .

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On dit que ma gourme me rentre,

Que je n'ai plus rien dans le ventre,

Que je suis vide à faire peur ;

Je crois, si j'en valais la peine,

Qu'on m'enverrait à Sainte-Hélène,

Avec un cancer dans le coeur.

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Allons, Julie, il faut t'attendre

A me voir quelque jour en cendre,

Comme Hercule sur son rocher.

Puisque c'est par toi que j'expire,

Ouvre ta robe, Déjanire,

Que je monte sur mon bûcher.