Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Andrée Chedid Rencontre avec Andrée Chedid : Terres chaleureuses

Écoutez Christian Gonon

(poésie lue le 12 juillet)

Terres Chaleureuses

Moi, altéré de vie, enfant des impatiences,

Je chanterai les noces de l’ombre et de l’ardent.


Avec mon peu de souffle, jusqu’au temps sans lisière,

Je tiendrai promesse envers l’unique mort.


Aux chemins divisés, l’horizon est le même ;

Nos jours furent ce miracle pareil aux moissons.


Songe à l’oiseau délié en nos arbres meurtris ;

Nous avons eu l’herbe et l’eau du seul amour.


Songe à l’espérance, sa tige doublée de terre ;

Songe au cœur dénoué par la voix de l’ami.


Un champ raidi prête naissance au pavot ;

Et le grain fut, chaque fois, le contraire de la nuit.


Mon amertume se noie, si légère est sa trame ;

Si vaste est l’univers où tout s’accomplira.


Oui, je te chante ô mort, jusqu’à l’ultime absence,

Gardienne de l’inconnu, douce prairie des errants !


Je chante, car ici-bas l’épi échappe aux cendres ;

La parole délivre, l’aile trouve sa raison.


Un soir, je m’en irai loin des terres chaleureuses ;

Le masque, couleur d’aube, sur ma face de vivant.


Un soir je m’en irai, ayant pour seule peine

De quitter tout amour enlacé aux saisons.


Ô mort, tu me viendras, et je le veux ainsi.