Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Apollinaire Rencontre avec Apollinaire : Rotsale

Réédition du billet du 1er août 2021

Hommage à Apollinaire-Chagall

À travers l’Europe

A M. Ch.

Rotsoge

Ton visage écarlate ton biplan transformable en hydroplan

Ta maison ronde où il nage un hareng saur

Il me faut la clef des paupières

Heureusement que nous avons vu M Panado

Et nous somme tranquilles de ce côté-là

Qu’est-ce que tu vois mon vieux M.D…


90 ou 324 un homme en l’air un veau qui regarde à travers le ventre de sa mère


J’ai cherché longtemps sur les routes

Tant d’yeux sont clos au bord des routes

Le vent fait pleurer les saussaies

Ouvre ouvre ouvre ouvre ouvre

Regarde mais regarde donc

Le vieux se lave les pieds dans la cuvette

Una volta ho inteso dire chè vuoi

Et je me pris à pleurer en me souvenant de nos enfances

Et toi tu me montres un violet épouvantable


Et petit tableau où il y a une voiture m’a rappelé le jour

Un jour fait de morceaux mauves jaunes bleus verts et rouges

Où je m’en allais à la campagne avec une

charmante cheminée tenant sa chienne en laisse

J'avais un mirliton que je n'aurais pas échangé

contre un bâton de maréchal de France

Il n’y en a plus je n’ai plus mon petit mirliton

La cheminée fume loin de moi des cigarettes russes

Sa chienne aboie contre les lilas

Et la veilleuse consumée

Sur la robe ont chu des pétales

Deux anneaux d'or près des sandales

Au soleil se sont allumés

Tandis que tes cheveux sont comme le trolley

À travers l’Europe vêtue de petits feux multicolores

Guillaume Apollinaire, printemps 1914, publié dans Ondes, Calligrammes 1918

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Au cours de l'une de ses premières visites à la Ruche dans l'atelier de Chagall et devant ses oeuvres Apollinaire s'écria "SUR-NATUREL".

Le lendemain Apollinaire faisait parvenir à Chagall le poème Rotsale qu'il lui dédia .

Ce poème servit de préface au catalogue de la première grande exposition particulière de Chagall organisée par Walden à la Galerie Der Sturm à Berlin en 1914


Citation de Aragon

 Le propre de la poésie est de créer un monde. Mais une fois sur mille, la poésie réinvente la lumière. C’est ainsi que Nerval (La treizième. .. ), Apollinaire (Rotsoge) y parvinrent parfois. »

(Clair de terre : Paris-Journal, 11 janvier 1924, ŒPo, II, 540 - Aragon)