Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Baudelaire Rencontre avec Baudelaire : Le guignon

Baudelaire, Les Limbes, titre d'un premier recueil de poèmes des futures Fleurs du Mal, paru dans le Messager de l'Assemblée, 9 avril 1851.

(et manuscrit autographe, 1851/52)

Écoutez Alexandre Rignault

Le guignon (*)

Pour soulever un poids si lourd,

Sisyphe, il faudrait ton courage !

Bien qu'on ait du coeur à l'ouvrage,

L'Art est long et le Temps est court.


  Loin des sépultures célèbres,

Vers un cimetière isolé,

Mon coeur, comme un tambour voilé,

Va battant des marches funèbres.


  - Maint joyau dort enseveli

Dans les ténèbres et l'oubli,

Bien loin des pioches et des sondes ;


  Mainte fleur épanche à regret

Son parfum doux comme un secret

Dans les solitudes profondes.


(*) Cnrtl : Guignon (nom masculin)

Malchance qui semble poursuivre quelqu'un (au jeu, dans la vie, etc.).

Guignon sur guignon. Tout rate et fait long feu ce matin (Amiel, Journal,1866, p. 46).

Je me remémore les aventures de Lazarille de Tormes et son implacable guignon (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 210) :

Non, vils et fréquentant les déserts sans citerne, Ils courent sous le fouet d'un monarque rageur, Le Guignon, dont le rire inouï les prosterne. Mallarmé, Poésies,1898, p. 29. . Porter le guignon (à qqn); être en (dans le) guignon. Avoir du guignon. . Littér. (xixes.). Prendre qqn (qqc.) en guignon. Prendre quelqu'un (quelque chose) en grippe.