Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Christine de Pisan Rencontre avec un texte anonyme faussement attribué à Christine de Pisan (1364 - 1430?) : À qui dir’-elle sa peine

ATTENTION

Ce texte est faussement attribué à C. de Pisan : lire le commentaire ci-dessous qui précise :

" c’est une pièce anonyme incluse dans des chansonniers du 16e siècle qui a été faussement attribuée à cette autrice, notamment dans l’anthologie de poésie de Pierre Seghers"

Merci à Madame Sarah Delale, autrice d'une thèse sur Christine de Pisan (et du livre Diamant brut-Interpréter les manuscrits de C. de PIZAN,édité chez DROZ)de nous avoir signalé cette erreur

À qui dir’- elle sa peine,

La fille qui n’a point d’ami ?


  La fille qui n’a point d’ami,

    Comment vit-elle ?

Elle ne dort jour ni demi

    Mais toujours veille.

Ce fait amour qui la réveille

Et qui la garde de dormir.


  À qui dir’-elle sa pensée,

La fille qui n’a point d’ami ?


  Il en a bien qui en ont deux,

    Deux, trois ou quatre,

Mais je n’en ai pas un tout seul

    Pour moi ébattre.

Hélas ! mon joli temps se passe,

Mon téton commence à mollir.


  À qui dir’- elle sa pensée,

La fille qui n’a point d’ami ?


  J’ai le vouloir si très humain

    Et tel courage que demain

    En mon jeune âge

J’aimerais mieux mourir de rage

Que de vivre en un tel ennui.


  À qui dir’- elle sa pensée,

La fille qui n’a point d’ami ?

Commentaires 1

  • Saramaia

    Bonjour,
    Cette chanson n’est pas de Christine de Pizan, c’est une pièce anonyme incluse dans des chansonniers du 16e siècle qui a été faussement attribuée à cette autrice, notamment dans l’anthologie de poésie de Pierre Seghers, et qui est totalement contraire à la conception que Christine de Pizan se faisait de l’amour. Il s’agit donc d’une volonté moderne de « corriger » les idées de l’autrice médiévale en l’assimilant de manière apocryphe aux lieux communs et au style de la poésie amoureuse du 16e siècle, dans un splendide anachronisme (le « tétin » qui commence à mollir est un pur #seiziemesiecle).
    Voici les sources :
    L’édition de cette ballade au 19e siècle (époque du Gay Sçavoir et des chorales et orphéons) par Gaston Paris, p. 13 :
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...
    Paris ne signale pas qu’il édite la 1e strophe d’après une autre mise en musique par Francesco de Layolle
    (visible par exemple dans le tome 1 du Parangon des Chansons de Jacques Moderne, voir ici folio 15 : https://stimmbuecher.digitale-samml... ),
    alors que le texte de la chanson dans le manuscrit qui lui sert de base est différent. Le manuscrit en question (Bibliothèque nationale de France, fonds français 12744) a été numérisé est visible ici (voir le folio IXr):
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...
    Comme vous voyez, l’histoire du texte publié sur cette page est à l’image des manipulations que la société moderne a pratiquées à partir des sources pour parvenir à une image du Moyen Âge (en l’occurrence de la Renaissance) qui puisse l’intéresser et lui apparaître attrayante.

    Auriez-vous la gentillesse de corriger cette page web ? La présence de cette attribution erronée sur internet consolide et perpétue sa diffusion et l’a propagée jusque dans ses anthologies féminines pour enfants… c’est rendre un hommage assez pervers à une femme qui s’est battue toute sa vie pour continuer à dire et écrire que l’amour courtois, c’est à dire l’amour adultère, menait les femmes à la répudiation, à la mort par assassinat et au déshonneur social.

    Si vous cherchez des pièces authentiques de Christine de Pizan, je vous renvoie à une édition complète de sa poésie lyrique :
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...

    Saramaia