Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Gérard de Nerval Rencontre avec Gérard de Nerval : Artémis

Écoutez Jean Vilar

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A Alexandre Dumas

… Puisque vous avez eu l’imprudence de citer un de mes sonnets composés dans cet état de rêverie supernaturaliste , comme diraient les Allemands , il faut que vous les entendiez tous . Vous les trouverez dans mes poésies . Ils ne sont guère plus obscurs que la métaphysique d’Hegel ou les mémorables de Swedenborg , et perdraient de leur charme à être expliqués , si la chose était possible , concédez-moi du moins le mérite de l’expression ; la dernière folie qui me restera probablement , ce sera de me croire poète : c’est à la critique de m’en guérir . (Préface aux FILLES du FEU ,1854 )

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Artémis

La Treizième revient... C'est encor la première ;

Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment :

Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière ?

Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

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Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;

Celle que j'aimai seul m'aime encor tendrement :

C'est la Mort - ou la Morte... Ô délice ! ô tourment !

La rose qu'elle tient, c'est la Rose trémière.

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Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,

Rose au coeur violet, fleur de sainte Gudule,

As-tu trouvé ta Croix dans le désert des cieux ?

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Roses blanches, tombez ! vous insultez nos Dieux,

Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle :

- La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux !

Gérard de Nerval - Les Chimères

Rose_tremiere_2.jpg

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Sainte_Rosalie.jpeg

En fait de langage des fleurs , Nerval s’était créée une symbolique personnelle basée sur un ensemble de souvenirs , de réminiscences et d’associations d’idées qui se superposaient aux symboles traditionnels . Ainsi dans le sonnet Artémis le vers énigmatique « la rose qu’elle tient , c’est la rose trémière » s’éclaire lorsque l’on sait que la fleur en question est liée dans l’esprit de Nerval à la fois à Sainte Rosalie et à la Grèce ; en même temps , la multiplicité des corolles sur la tige de cette plante se rapporte à l’attachement de Gérard à un idéal féminin aux incarnations multiples . (Jean Richer - Gérard de Nerval - 1950 - Collection Poètes d’Aujourd’hui - Seghers- p.100)

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Voici un lien vers un site littéraire proposant une grille de lecture de ce poème :ICI