Respire ami et songe encore à d’autres mots
Ceux-ci câlins, mots de laine
Oiseaux sous la langue
Qui disent le printemps marin
La gentillesse armoricaine
Qui tutoie l’univers entier
A ces mots :
Forêt-Fouesnant
Lannilis
Landudal
Landevennec
Saint-Guénolé
Plouhinec
Clohars-Carnoët
Rozermeur
A ces noms de rivières aussi
Ces rivières qui viennent doucement mourir
Dans l'énorme cuve qui bout de peur
Comme disait je ne sais plus qui :
Aulne
Aven
Odet
Ellern
Ellé
Blavet
Goyen
Laïta
Laisse-toi prendre dans ces mots
Comme dans un algue marine
Qui va sa vie au gré des flots
Mots de granit et mots de laine
Entre le sauvage et le tendre
Entre le roc contre lequel
La mort elle-même
Se fracasserait son crâne stupide
Ce crâne dont nous entrevoyons l'horreur
Quand on se lave les dents
Quand nous embrassons d'un peu près
Notre prochaine
Ce crâne décharnélisé
Qui rend nos soupirs ridicules
Mais il faut bien en supporter
La fétide arrière-présence
Et cogito ergo sum
Il est vrai que l'homme pense
Avec ce crâne en location
Avec ce sourire ces yeux
Autant de trous dans les ténèbres
Mais elle est là , la vraie propriétaire
Elle n'en perd pas une bouchée
Parle toujours et dis je t'aime
Mon beau pantin
Que je vais désarticuler
La bourse de l'éternité est plus flexible que l'autre
Qui change au gré des jours argentés ……………….