Il s'agit d'un extrait de la 3e lettre (du 3 septembre 1663)- page 614 du livre ci-dessus- envoyée à sa femme lors d'un voyage de Paris jusqu'en Limousin : on peut y lire un texte sur la LOIRE :
Lettre à sa femme en 1663
La Loire est donc une rivière
Arrosant un pays favorisé des cieux,
Douce, quand il lui plaît, quand il lui plaît, si fière
Qu’à peine arrête-t-on son cours impérieux.
Elle ravageroit mille moissons fertiles,
Engloutiroit des bourgs, feroit flotter des villes,
Détruiroit tout en une nuit :
Il ne faudroit qu’une journée
Pour lui voir entraîner le fruit
De tout le labeur d’une année,
Si le long de ses bords n’étoit une levée
Qu’on entretient soigneusement :
Dès lors qu’un endroit se dément,
On le rétablit tout à l’heure ;
La moindre brèche n’y demeure
Sans qu’on n’y touche incessamment ;
Et pour cet entretènement,
Unique obstacle à tels ravages,
Chacun a son département,
Communautés, bourgs, et villages.(...)
Mais le plus bel objet, c’est la Loire sans doute :
On la voit rarement s’écarter de sa route ;
Elle a peu de replis dans son cours mesuré ;(...)
Elle répand son cristal
Avec magnificence ;
Et le jardin de la France
Méritait un tel canal. »
Jean de La Fontaine