LA MER À BOIRE
Comment savoir que la plage
penchant vers ce noir profond
m’ouvrait une mer sans fond
sous les gestes de la nage
Sous le poids d’une eau sévère
où la perspective ment
je m’enfonce lentement
déjà regrettant la terre
Ma tombe est la mer à boire
et je roule dans ses verts
mais le monde que je perds
me retient par la mémoire
Ludovic Janvier, La mer à boire, Préface de Chantal Thomas, Poésie/Gallimard, 2006, p.97