Fils de rois
Oiseaux, les oiseaux migrateurs
qui volent par sept et par quinze
se retournaient vers l’enchanteur
que j’étais avant que tu vinsses
Les fleurs sont toutes mes esclaves
les rois morts sont mes protecteurs
les diamants étaient le conclave
à qui je contai mes douleurs.
Dans un pays de clair-obscur
mes jeux d’enfants avec les fées
habillaient de pois de senteur
Juliette et trente coryphées,
filles du conte et de l’adage
écumes de tous les caps Nord
mers de merveille et de naufrages –
Sept années m’ont pris mes remords
Océan, prends mes coquillages
ô vent, les fleurs de nos cheveux
l’automne a pris tous les feuillages
le temps n’aura pris mes aïeux.
Max Jacob, 1935, dans Actualités éternelles, éditions de La Différence, 1996, p. 185