Poème vert
à Maurice Chappaz
Nous avions grandi ensemble
marronnier
aujourd'hui silencieux souverain
qui porte ombre propice et n en a pas souci
qui ne racontes pas sa vie
dis-moi ce qu'il faut faire
quand le soleil a disparu
dis-le-moi lentement avec des feuilles neuves
que je puisse t’entendre
du fond de mes campagnes en friches
Et vous autres derrière là haie
peupliers, acacias, tilleuls
cèdre en forme de ciboire
alignés sur la portée du pré
comme les notes d'un kyrie
silencieuse oraison de feuilles
latin murmurant de ramures et d'aiguilles
pédagogue des champs
si discrets dans vos propos salubres
verts acolytes et patients funambules
un mot, juste un seul mot
sur la paix qui me manque
ou même un simple bruissement
avant que la nuit vous reprenne
Cologny, 1978