Il y a tant de rêves qu'on ne sait lequel prendre ,
mes rêves durent des années ,
mes rêves sont multipliés
par les récits à faire et les dire à entendre .
Je t'apporte l'enfant d'une nuit bitumée ,
l'aire est phosphorescente et l'ombre , illuminée
par ces reflets de vérités ,
charbons cassés brillants , reflète en chaque grain
le papillon réel et qui revient demain .
Les bouchons sur la mer indiquent les filets ,
dans la barque l'on peine et l'on ahane ,
les algues pendent aux crochets ,
le poisson crève au vent , puis grille sur la flamme .
Et qu'as-tu donc pêché maintenant que l'hiver approche ?
Des espaces sont désossés
et des plaines défrichées
et plus d'une tortue meurt dans sa carapace .
Tes songes sont moins secs que la queue d'un hareng
et les explications certaines .
La poésie est morte , le mystère est râlant ,
dis-je .
Il faut revenir en arrière ,
où que tu ailles tu te heurtes le nez .
Tu viens de passer le sevrage
et tu crois voir la nuit l'autre réalité :
ce ne sont que parents au temps de ton jeune âge .
Chêne et chien p. 67-68 Poésie /Gallimard