Écoutez Jules Supervielle
Les Chevaux du Temps
Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
J’hésite un peu toujours à les regarder boire
Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant
Pendant que leurs longs traits m’emplissent de faiblesse
Et me laissent si las, si seul et décevant,
Qu’une nuit passagère envahit mes paupières
Et qu’il me faut soudain refaire en moi des forces
Pour qu’un jour où viendrait l’attelage assoiffé
Je puisse encore vivre et les désaltérer.
(Poème lu par Henri Michaux à la fin de sa conférence en Espagne : Recherche dans la poésie contemporaine- poème cité page 982 du Tome I des Oeuvres complètes Pléiade)