Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Victor Hugo Rencontre avec Victor Hogo : Les Tuileries

Écoutez Colette Magny

LES TUILERIES

Texte de la chanson

Nous sommes deux drôles,

Aux larges épaules,

Deux joyeux bandits,

Sachant rire et battre,

Mangeant comme quatre,

Buvant comme dix.


Quand, buvant des litres

Nous cognons aux vitres

De l'estaminet

Le bourgeois difforme

Tremble en uniforme

Sous son gros bonnet.


Nous vivons. En somme

On est honnête homme,

On n'est pas mouchard.

On va le dimanche

Avec Lise ou Blanche

Dîner chez Richard


Nous vivons sans gîte,

Goulûment et vite,

Comme le moineau,

Haussant nos caprices

Jusqu'aux cantatrices

De chez Bobino.


. La vie est diverse.

Nous bravons l'averse

Qui mouille nos peaux;

Toujours en ribotes

Ayant peu de bottes

Et point de chapeaux


Nous avons l'ivresse,

L'amour, la jeunesse,

L'éclair dans les yeux,

Des poings effroyables;

Nous sommes des diables,

Nous sommes des dieux !

Victor HUGO

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Les Tuileries

texte intégral

Nous sommes deux drôles,

Aux larges épaules,

De joyeux bandits,

Sachant rire et battre,

Mangeant comme quatre,

Buvant comme dix.


Quand, vidant les litres,

Nous cognons aux vitres

De l’estaminet,

Le bourgeois difforme

Tremble en uniforme

Sous son gros bonnet.


Nous vivons. En somme,

On est honnête homme,

On n’est pas mouchard.

On va le dimanche

Avec Lise ou Blanche

Dîner chez Richard.


On les mène à Pâques,

Barrière Saint-Jacques,

Souper au Chat Vert,

On dévore, on aime,

On boit, on a même

Un plat de dessert !


Nous vivons sans gîte,

Goulûment et vite,

Comme le moineau,

Haussant nos caprices

Jusqu’aux cantatrices

De chez Bobino.


La vie est diverse.

Nous bravons l’averse

Qui mouille nos peaux ;

Toujours en ribotes

Ayant peu de bottes

Et point de chapeaux.


Nous avons l’ivresse,

L’amour, la jeunesse,

L’éclair dans les yeux,

Des poings effroyables ;

Nous sommes des diables,

Nous sommes des dieux !


Nos deux seigneuries

Vont aux Tuileries

Flâner volontiers,

Et dire des choses

Aux servantes roses

Sous les marronniers.


Sous les ombres vertes

Des rampes désertes

Nous errons le soir,

L’eau fuit, les toits fument,

Les lustres s’allument,

Dans le château noir.


Notre âme recueille

Ce que dit la feuille

À la fin du jour,

L’air que chante un gnome.

Et, place Vendôme,

Le bruit du tambour.


Les blanches statues

Assez peu vêtues,

Découvrent leur sein,

Et nous font des signes

Dont rêvent les cygnes

Sur le grand bassin.


Ô Rome ! ô la Ville !

Annibal, tranquille,

Sur nous, écoliers,

Fixant ses yeux vagues,

Nous montre les bagues

De ses chevaliers !


La terrasse est brune.

Pendant que la lune

L’emplit de clarté,

D’ombres et de mensonges,

Nous faisons des songes

Pour la liberté.