Thibet - Ode LVII
Après ces cris, ces hurlements, ces imprécations orantes...
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Une seule, un seul vœu : à ton image,
Thibet ; sur le plan des châteaux surnaturels
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Laisse-moi bâtir et orner la petite chambre que tout homme bâtit en lui-même.
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Ou — brute populaire — ne bâtit pas.
Moins haute que le
Potala, qu'elle soit bâtie sur son arête.
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Au dedans, — beurrée de douceurs, copieuse et sucrée, mijotante et mystiquement mûre,
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Avec des recès plus noirs et plus riches, — l'éclat des coups sur l'œil fermé, le jaillissement...
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Avec son orchestre de voix mélopéennes, — mais amoureuses, rugissantes au seul démon d'amour
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Avec des conjurations dépeçantes pour mes ennemis
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Qu'ils soient, ceux-là, mis en pièces !...
Que la demeure de mon âme devienne cette hymne
Thibétaine !
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Mais au dehors, les fenêtres et le toit pur...
S'ouvrent tout grand sur tes abîmes
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Tes vallons, tes creux, la carrure de ce pays,
Que du bout de mes doigts écrivant, mais frémissant de paroles pulpées
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De mes deux mains saisissant et secouant ton immense sujet, pays de
Bod
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J'ai tenté d'enlacer en
Poème, cet hymne exutoire...
D'autres parmi les hommes, ont choisi leurs dieux parmi les hommes !
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Et !
Thibet, c'est dans la face de la
Terre
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Que choisissant son visage le plus majestueux, le plus expressif,
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Je t'ai fait.
Pèlerin découragé, la
Hauteur, le
Symbole, — le
Dieu.