« Je n’espérais plus
Quand le vent les a rendus
Tes mots déportés »
Sans trop savoir pourquoi, elle voulait absolument voir l’exposition de Anselm Kiefer au centre Pompidou, elle faisait très souvent confiance en ses intuitions... alors!
Quand elle a découvert cette toile, elle a été prise d’un insoutenable malaise, heureusement un banc était là pour l’accueillir.
D’un coup, elle a compris ce que son père avait pu vivre, cet homme parti sans jamais trouver ses propres mots .
Devant cette oeuvre, elle a entendu la voix de son père raconter; l’histoire se déroulait, elle écoutait, c’était la première fois !
L’espace d’un instant, elle a même cru reconnaître son visage, là, au centre de la toile! Pour la première fois, elle entendait les mots de son regard, un regard ne sait pas mentir., elle le savait !
Elle s’est crue folle, mais non, elle le voyait, il était bien là, il décrivait, il témoignait, il lui transmettait, à elle!
Lui, sur le tableau, il tendait la main à celui en qui il pensait pouvoir faire confiance sans savoir que trahisons et dénonciations étaient courantes à l'époque .
N’en pouvant plus, elle a quitté le musée après avoir acheté la carte postale de l’oeuvre qui a été le déclencheur d’un long travail qui vient d’aboutir à l’écriture d’un ouvrage qu’elle offrira à ses enfants pour que le silence de leur grand-père prenne sens et ne donne jamais prise à de sauvages interprétations .