Onze mots s’offrent à moi, alléchants comme les propositions de rêve d’un catalogue d’agence de voyages :
CERISES et me voilà faisant le merle dans le cerisier de mon grand-père avant que les vers n’attaquent les bigarreaux à ma place.
ÉTOILÉ comme le ciel de ma première boum, les pieds dans la mer, à Chatelaillon, on dansait toute la nuit sur « Only you » des Platters.
et FRISSON, mon premier frisson avec Eduardino , sur la dune ...
C’est vrai que pour l’ ÉPITAPHE, il y a encore un peu de temps pour s’en occuper, il fait encore bien trop beau, l’hiver n’est pas encore là; quant à l’hiver de la vie, je me sens à la LISIÈRE, comme il existe la lisière des étoffes que ma grand-mère assemblait pour créer des habits de rêves et aussi la LISIÈRE du bois, entre le noir du trop dense, du trop touffu, de l’étouffant et la vue dégagée du là-bas, où la fumée bleutée d’une cheminée engage à s’approcher de la petite maison inconnue.
Je regrette de n’avoir pas le temps de vous en parler de cette petite maison— celle de mon enfance— que je croyais inexistante, que j’ai découverte cet été après tant d’années d'errance!
Le chemin a été escarpé pour la dénicher mais quel bonheur d’y être accueillie dans les bras de cette langue étrangère, interdite pendant si longtemps et dont je commence seulement à en déchiffrer et à en balbutier l’alphabet!