Encrier 87

Textes de 2023 Texte de Évelyne : Le nounours

LE NOUNOURS

J’en ai eu un « nounours », moi aussi..

Désolée nounours , mais tu n’étais pas beau.Et pourtant je t’aimais bien. 
 Tu avais été fabriqué avec des matériaux de l’après guerre. Tu étais tout raide.Ta peau , déjà lépreuse , quand je te revois, en feutre, était rouge bordeaux ou lie de vin quelque chose comme cela. En tout cas, pas une belle couleur. Et tu étais rembourré avec quelque chose comme des copeaux de bois. Tout raides..

Je t’ai eu longtemps. Mais, il ne semble pas que tu ai été mon confident. En tout cas je ne m’imagine pas avec toi comme je vois des enfants actuellement. Qui presse leur nounours contre leurs joue. Des nounours en peluche toute douce. Et toi , tu n’étais pas doux du tout.

Je te préférais ma poupée Françoise. La première poupée Raynald . Elle était habillée en satin « elle ». Alors Nounours, tu ne faisais pas le poids.
 Je t’ai pourtant gardé longtemps. Et tu vois, je me souviens de toi avec nostalgie. Et puis après notre dernier déménagement, je sais que je ne t’avais plus. Tu n’étais plus là , c’est tout.

Tu avais du faire les frais d’une frénésie de « vide » avant notre dernier déménagement.

Aux yeux de maman , et pour gagner de la place lors du déménagement, tout ce qui était un temps soit peu , défraîchi, décoloré, ébréché, ou simplement « vieux » donc inutilisable :, allez ouste, poubelle.

Alors « nounours » ? Avec sa peau qui commençait à se craqueler, qui laissait apparaître »e son rembourrage. Tout moche. Ses yeux remplacés par des boutons de la robe de mariée de maman. Tu n’as pas échappé au grand nettoyage. 
 J’ai grandi.Un peu , beaucoup. J’ ai oublié « nounours ». Je me suis mariée. .  Au début de notre mariage, nous avons habité dans un petit « meublé ».Au bout d’une banale et triste rue de banlieue parisienne.

Deux pièces , dont une cuisine , salle à manger, salle d’eau. Et une chambre meublée d’un lit avec une tête de lit peinte en faux bois. Hideux. Mais , bof, jeunes mariés nous ne faisions pas trop attention au mobilier et la tête de lit était , derrière notre tête.

. Mais avoir un toit , à l’époque était déjà important pour des jeunes mariés. Pour un peu personnaliser notre « nid » , nous avions acheté dans une quincaillerie ou « on vend de tout », quelques objets dont un tête à tête en porcelaine chinoise décorée de petites fleurs bleues. Ah le goût de notre premier café dans nos premières tasses !.Inégalable !. 
Et dans cette boutique « on  vend de tout », un jour je découvris un trésor: un nounours tout rose. 
 Devant mon regard d’Alice aux pays des merveilles, mon jeune mari me l’offrit . Un ose, tout mou , à la fourrure toute ,soyeuse. Avec des yeux en verre : bleus. Bleu comme les yeux de mon compagnon.Je lovais ce délice dans le creux de mon cou. Puis contre ma joue. A en fondre de tendresse.,Il a longtemps trôné sur ma table de nuit. Et puis notre fils a joué avec. Mon Nounours douceur.

Et vous savez quoi ? Il est encore dans le carton étiqueté « jouets d’enfance «  de notre fils au grenier. Mon nounours douceur.

Et il a toujours ses mêmes yeux bleus.

Bleus comme ceux de mon ...vieux mari !.

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