Encrier 87

Textes de 2023 Texte d'Évelyne du 19 décembre : La nuit où j'ai vu le Père Noël

La nuit où j'ai vu le Père NOËL

Premier Noël dans la future famille de notre fils.

Je ne connaissais que notre future belle fille.

Mal à l'aise et pour prouver ma bonne volonté je me proposais d'aider. Je ne savais pas trop à quoi, mais je proposais…Les filles de la maison ne trouvèrent rien à me faire faire.

Comme la soirée était bien avancée, nos hôtes eurent l'excellente idée de nous proposer d'aller à la messe de minuit pendant qu'ils prépareraient le repas et fignoleraient la décoration de la maison. 
 La demi-sœur de notre future belle fille croyait encore au père Noël. 
Par rapport à son âge, cela ne pouvait être que la dernière année. Nous pensions fort que cela l'arrangeait d'y croire, pour faire plaisir à la famille et pour les cadeaux. Mais ce n'était pas méchant, au contraire. Tout le monde entrait dans le jeu. Les parents lui préparaient une surprise pendant que nous serions à la messe.

Une autre surprise nous attendait. En effet, tandis que la petite sœur jouait le personnage de la Vierge Marie dans la crèche vivante, notre petit fils lui serait l'enfant Jésus. Nous étions ravis. et émus. 
 Le début de la messe se passa bien. L'enfant Jésus dormait pieusement. Mais il se réveilla lorsque la chorale chanta plus fort. Affolé par les bruits, les lumières, les chants, il fit savoir qu'il était bien vivant par un concert de vocalises de son répertoire, dont le niveau sonore fit une concurrence sérieuse à celui de la chorale.

La première représentation théâtrale de notre petit fils fut de courte durée. Il devint évident qu'il fallait retirer au plus vite ce Jésus perturbateur (Déjà!) 
 Notre fils, en père super papa, superman et super protecteur, ne supporta pas que son rejeton puisse pleurer. . Craignant qu'il ait trop chaud, trop froid, qu'il soit agressé , ou qu'il ait peur, il l'extirpa promptement de la crèche. Il quitta l'église, emportant son petit trésor entre ses bras fermés comme un berceau. Le poupon en celluloïd , heureusement prévu en cas de problème remplaça notre petit fils, Et la crèche, si elle devint malheureusement moins vivante, en fut beaucoup plus calme.



La vierge Marie, quant à elle, délivrée d'un petit neveu quelque peu encombrant put tenir son rôle avec beaucoup plus de sérénité. Elle était très jolie, très fraîche et tint ce rôle avec beaucoup de sérieux et de candeur et fut une Marie des plus authentiques.

La messe finie, chacun repartit vers la chaleur des maisons ou les attendaient maintes choses agréables..

Le village était calme et vide. Froid et triste. Pas âme qui vive. Mais c'était une vraie nuit de Noël. Au dessus de nos tètes,  des milliers d'étoiles scintillaient dans une nuit bien noire. Pas de bruit. Un silence religieux. Dans cette nuit si calme, si tranquille, une sorte d'allégresse me prit .En repensant aux chants de Noël de l'église, j'eus envie de chanter. Et je me mis à chanter à pleins poumons , en toute liberté. Pas de copine pour me signaler avec une grimace que je n'étais pas tout à fait dans le ton , .ou une autre qui d'un coup de coude me ferait comprendre que j'avais démarré un poil trop tôt ou trop tard . Je chantais en toute liberté. Tous les chants de Noël que je connaissais . Petit papa Noël.Trois anges sont venus ce soir. Oh belle nuit. Minuit chrétien, ma préférée. Quelle liberté !. Je repensais au fait que notre petit fils de quelques mois avait fait le petit Jésus dans la crèche. Notre petit Jésus. J'étais heureuse. A mes côtés, la petite qui me tenait la main semblait heureuse elle aussi. Elle sautillait et reprenait les refrains qu'elle connaissait. 
 C'était vraiment une belle nuit de Noël.

Soudain , à un angle de rue, une ombre se faufila entre les arbres, et passa de porche en porche. L'ombre, à un moment donné, passa devant un réverbère et une ample robe rouge se révéla. Plus loin, ce fut une barbe blanche bouclée qui brilla sous la lumière..



La petite lâcha ma main et se mit à courir en criant : le Père Noël, le Père Noël. 
Et moi de concert, je me mis aussi à courir en criant : le Père Noël, le Père Noël. Une sensation et une émotion indescriptible, inexplicable secouèrent tout mon être. Quelque chose venue du fond de mes entrailles. Quelque chose venue du fond de mon enfance.

J' AVAIS VU le Père Noël.

Je m'arrêtais toute retournée, interdite. Me demandant si je ne devenais pas folle.

Mais non je ne pouvais pas avoir vu le Père Noël. Je savais très bien qu'il n'existait pas. J'étais majeure. J'avais un enfant et un petit enfant. Et normalement j'avais toute ma raison. 
Je ne pouvais pas avoir vu le Père Noël. Puisque je savais qu'il n'existait pas. D'autant que je venais de reconnaître sous la robe rouge. .Les baskets de mon fils. !..

Ainsi c'était lui le Père Noël. Celui qui se faufilait de porche en porche.Ce père Noël là.

J'entrais dans la maison encore toute retournée.

La maison resplendissait de mille lumières.Celles des bougies disposées sur la table.celles du sapin de Noël. Le couver exposait ses verres en cristal et ses assiettes en porcelaine.Une vraie maison de carte de Noël. Les dames portaient leur élégante petite robe noire. Sauf moi. Simplement parce que je n'en avais pas. Et parce que dans ma famille , ma grand-mère avait interdit de porter du noir. Elle avait vu trop de veuves à la fin de la guerre de 14. 
Je portais donc un pantalon noir, sur lequel descendait une tunique colorée. Chacun son style !

La petite cherchait toujours le Père Noël. Je l'ai vu entrer dans la maison Il était juste devant moi.disait elle.Il ne peut pas s’être envolé. 
Pour aller au bout de la supercherie , nous lui avons affirmé que justement , lorsqu'il avait fini de distribuer les cadeaux, il s'en allait dans le ciel jusqu'à l'année prochaine.  Elle sembla sceptique, mais devant l'amoncellement de paquets qu'elle avait à ouvrir, elle oublia le personnage de conte qu’elle avait vu dans la rue.

Fusaient des ho et des ha en fonction du cadeaux découverts. Puis on prit place devant la table. Mets et vins se succédèrent. L'atmosphère était joyeuse et je participais avec plaisir à la soirée. 
 Mais par moment, je me revoyais dans ce village désert, triste et froid. Sous cette voûte très noire semée d'étoiles, où par une nuit de Noël, une petite main chaude dans la mienne, je chantais à plein poumons des chants de Noël, en pensant à notre petit Jésus endormi dans la crèche,



Où moi, par cette nuit de Noël, cette Merveilleuse nuit de Noël , moi, j'avais VU : LE Père Noël !

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