Tu viens de retrouver une carte routière de Norvège : cette carte date de 60 ans, elle est bardée de vieux scotchs décomposés, elle est en lambeaux, toutes les routes que tu as parcourues jadis sont badigeonnées en bleu et des signes par-ci par-là indiquent les panoramas rencontrés; toutes les escales de l'express-côtier sont soulignées jusqu'à Kirkenes.
Comme tu aimerais reparcourir ces routes, remonter sur l'express-côtier.
Tu te prends à rêver de repartir là-bas.
Sur internet, tu découvres des vidéos : Reidar Humlestøl, un routier norvégien, a eu l’idée de filmer de sa cabine les trajets qu’il parcourt et il met en partage ses vidéos.
Tu regardes sans tarder deux de ses vidéos qui te permettent de «refaire» le parcours de Narvik à Tromsø, puis celui de Alta à Kautokeino à travers la Laponie
Maintenant, les routes sont goudronnées, il y a plein de ponts, de tunnels, ce qui diminue le nombre des ferries à emprunter pour traverser les fjords : pour toi, ça enlève du charme au voyage, même si tu retrouves virtuellement avec plaisir la beauté des paysages, des villages traversés et la luminosité si particulière à ce pays.
Tout à coup, ces vidéos te font penser à une photo retrouvée récemment que tu as prise près de Harstad, dans les Vesteralen, au Nord des Lofoten: on voit trois enfants souriants, sans doute en vacances, qui, curieux, sont venus poser quelques questions; l’un des trois, à l'air moins assuré, doit être un enfant du pays, peut-être le fils d’un pêcheur …
Tu penses: — et dire qu’aujourd’hui, ce sont presque des vieillards…
Oui, la roue a tourné.
Non, tu ne referas pas ce voyage .