Nuit noire
Il y en a peut-être sous le lit ou derrière le rideau ?
Des lépreux sans nez, sans doigts .
La nuit est longue, effrayante .
Je n’ai pas le courage d’aller vérifier, je suis tétanisée .
Combien sont-ils ?
Des hommes, des femmes, des groupes d’enfants, tous amputés , sanguinolents, traînant leurs pauvres carcasses?
La fenêtre est entr’ouverte? Sont-ils passés par là ?
Le rideau bouge .
Leurs habits sont sales, tâchés, ils me regardent tous.
Ils ont des regards vides pour la plupart.
Des visages, des nez, des bouches, des doigts.
Ils bougent à peine mais avancent vers moi.
Je ne peux pas crier, je n’y pense pas.
Je sens une menace dans tout ce noir, dans cette nuit sans fin.
Pourquoi ma mère a fermé ma porte ?
Pourquoi j'ai regardé ce film avec eux hier soir?
C'était BEN - HUR.
Je le trouvais si beau ce héros, je le trouvais si fort .
J'ai insisté pour regarder la télé avec toute ma famille .
Et puis, la télé, c'était nouveau ; nous étions autorisés seulement quelques soirs à rester devant.
Mon père et ma mère assis sur leur canapé à deux places, la main dans la main, et nous quatre tout autour ,silencieux, subjugués.
Depuis, ma porte de chambre est toujours entr’ouverte, j’entends ma mère faire du ménage tard dans la soirée mais je préfère cette compagnie là .
Commentaires 1
Tu évoques bien la peur du noir parfois difficile à surmonter par les enfants
( Y aurait-il dans Ben-Hur des images impressionnantes pour des très jeunes?)