2022 - 2023
Eté 2022.
En lisant une critique dans les Cahiers du Cinéma il tomba sur une phrase absconse qu'il garda en tête longtemps au point de se réveiller dans la nuit qui suivit avec son texte exact :
<<...quand il est trop tard c'est qu'on a pas vu le dernier mot, vous savez "the end"...alors on se retrouve dehors sans savoir pourquoi...>>
Cette pensée ne l'avait pas quitté de la soirée et venait de le réveiller à 2h du matin...Pourtant ce n'est pas un film en anglais qu'il avait vu l'après-midi c'était le dernier Emmanuel Mouret, ensuite il était allé à la Maison de la Radio assister au Masque et la Plume. Sous la houlette de Jérôme Garcin une douzaine de longs-métrages furent disséqués. Et aucun critique ne fit une fixation sur le plan final d'aucun des films discutés...
Alors ? Pourquoi cette pensée lancinante ? Même dans le plus godardien des films de la nouvelle vague aucun ne portait cet addenda en forme de provoc' allègre.
Il se repassa les scènes clés de <<Chronique d'une liaison passagère>> Charlotte l'avait fasciné par son genre désinhibé, Simon moins mais c'était un homme et pas vraiment son genre. Alors ? alors il était maintenant 3h30 et on était le 22 septembre depuis minuit...
Eté 2023.
Aïe ! aïe ! aïe ! le 22 septembre anniversaire de leur rupture...
Sans qu'il s'en aperçoive son inconscient venait de lui rappeler la tragédie très personnelle de l'année précédente. Il se croyait sorti d'affaire après son 'burn-out' au retour de leurs vacances ratées à Ibiza. Destination choisie au dernier moment, comme ça sans réfléchir, et hop ! un charter low-cost et en route pour deux semaines loin de Pluviôse, Ventôse et Nivôse.
Séjour qu'il prévoyait cool et détendu au vu des prospectus. Les pieds dans l'eau de la piscine, le buffet surchargé de tout ce qu'il est possible d'avaler décemment...L'idée de ce séjour lui vint en sortant du ciné-club Michel Simon qui donnait une rétro des films d'Harrison Ford.
C'était d'abord pour Anne Heche qu'Il tenait à revoir ce film sans profondeur mais assez drôle...La mort accidentelle d'Anne, en août 2022, l'avait dévasté...Un amour de jeunesse cinéphile perdu à jamais...
Eté 2022 .
Les soirées d'Ibiza s'annonçaient voluptueuses...noyées dans le night-club ténébreux à souhait...Mais le premier soir Gréta fut souffrante, pas vraiment préoccupant mais assez quand même pour aller au lit dès 19H. ( Gréta ! pfou... pas son vrai nom...et avec ça qu'elle porte un ciré jaune...) Voyant son état il su tout de suite qu'il fallait mieux s'éloigner respectant son humeur accompagnée d'une poche des glaçons du frigo sur le front...
Que faire, seul, dans un endroit encore inconnu quelques heures auparavant ? Les arrivés-es du jour s'agitaient dans plusieurs langues. Les Allemands, en surnombre évident, exhibaient leur pouvoir d'achat (Euro uber alles...) qu'ils matérialisaient par un flot de Champagne mélangé à de la bière...
Pour le reste de l'assistance des Anglais, trois couples endeuillés venus du London armorié aux couleurs royales, et pour compléter quelques Japonais étonnés d'être là ...
Comment se font donc les choses ? Qui peut prévoir et dire comment les choses arrivent ? Et pourquoi elles dérapent...
La première heure c'était Open-Bar ensuite il faudrait utiliser les jetons verts ou rouges selon les degrés désirés...
Avec son Bloody Mary corsé il choisit un rocking-chair bien situé pour examiner la foule des vacanciers. Comme il se doit les Allemands tenaient la place centrale à un mètre du buffet surchargé. Les Anglais et les Japonais occupaient les ailes de chaque côté de la piscine.
Au second cocktail il remarqua les deux grandes blondes tudesques. Deux walkyries, chevelures peroxydées, décolletés taille xxl !
Au troisième verre avalé en moins d'une heure heure Il quitta la place où personne ne l'avait remarqué, pour se rapprocher des giga-drôlesses qui promettaient d'animer la soirée. Les deux blondes sculpturales en étaient à proposer de se baigner nues à minuit passé...
Vers vingt trois heures les Japonais s'évaporèrent; et à midnight les quatre sujets de feue sa Gracieuse Majesté se retirèrent dignement. A ce moment il avait éclusé la valeur de 6 jetons rouges...
Passant du Bloody à quatre Téquila Sunrise puis à deux Soupes Champenoises, dame ! on est Français non ! Et c'est là que les choses arrivèrent et dérapèrent... Sans qu'il y prenne garde l'une des deux amazones d'outre-Rhin l'agrippa pour une danse collés-serrés...Les cavaliers des Gretchen étaient massifs et poussifs...et ne prenaient pas garde aux débordements des deux géantes qui maniaient les jetons du bar avec dextérité...
Vers 3h du matin il n'y avait plus que deux couples d'Outre-Rhin, dépareillés et... Lui ! Les mastards ronflaient dans leurs fauteuil de Manille et leurs deux folâtres, venues du Bad-Wurtemberg, se partageaient leur Français subjugué...soumis...à disposition...
Plusieurs cocktails plus tard Il dormait effondré sur un relax avec ses deux cavalières collées à Lui...Plus loin les deux volumineux 'Casques-à-pointes' soufflaient comme des phoques ...
Et c'est dans cet appareil que Gréta les trouva vers 8h du matin ! Le réveil de tout ce petit monde alcoolisé fut sévère ! Il ne put présenter aucune explication plausible et se ramassa sa valise dans un estomac au bord de la restitution...
Ce fut la fin de leur idylle et les deux blondes démesurées disparurent avec la vitesse nécessaire malgré un sérieux tangage dans la démarche...une survie difficile s'annonçait pour elles avec leurs sacs-à- bières grave imbibés, jolie scène à venir...
Eté 2023.
Un an plus tard un hasard étonnant lui fit rencontrer Georges Brassens.
Il était dans son troquet favori, devant un café-crème quand quelqu'un jukeboxa "le 22 septembre" qui raconte la tristesse et l'indifférence d'un type qui se "fout" du 22 septembre, jour de rupture avec sa compagne...
Et là tout arriva, tout revint comme ça : exotisme d'Ibiza, les deux dodues made in Germania dont les physiques excluaient qu'elles puissent succéder à Sylvia Kristel mais plutôt à Anita Ekberg dans la fontaine de Trévi.
Bigrement paumées entre sobriété et ébriété ces deux là... et ce spectacle que Gréta découvrit ce matin là, celui du 22 septembre...
Et la rupture qui en advint, bête et brutale, de celle que l'on subit très mal et que l'on regrette amèrement et dont on ne se "fout" pas...
N'est pas le Grand Georges qui veut...
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