Chaque heure
- Chaque heure je m’attends à le voir rentrer.
- Chaque jour tu l’attends. Chaque jour, chaque heure tu te tiens devant la fenêtre. Tu t’attends à le voir revenir.
- Il reviendra.
- Certains jours le ciel ressemble à une toile d’araignée. Il est gris et collant. On n’y voit pas à trois mètres.
- On s’habitue à ne rien voir. On marche et on rentre chez soi.
- Les insectes du brouillard qui entrent dans la lumière, d’un réverbère d’une fenêtre allumée, s’affolent et se perdent…. Ils disparaissent.
- Il marche vers l’obscurité. Il marche en direction de l’obscurité. Il ne regarde pas la lumière.
- S’il regarde la lumière une seule fois il est ébloui il s’affole il disparaît.
- Chaque minute je tremble.
- On a vu un homme.
- Qui a vu un homme ?
- J’ai vu un homme à côté d’une fille en minijupe.
- Il ne regarde pas la fille.
- Il fixe une tâche sur le sol.
- Son regard ne peut pas se détacher de cet endroit plus sombre et sale. Plus sombre et plus sale que les trottoirs maculés de la ville.
- Je n’ai pas vu son regard. J’ai senti seulement.
- Qu’est-ce que tu as senti ?
- Sa désespérance.
- Chaque jour je tremble.
- Chaque jour tu l’attends.
- Il ne reviendra pas.