Encrier 87

Textes du 20 novembre 2021 Texte de Fabienne du 20 novembre : Chaque heure

Chaque heure

- Chaque heure je m’attends à le voir rentrer.

- Chaque jour tu l’attends. Chaque jour, chaque heure tu te tiens devant la fenêtre. Tu t’attends à le voir revenir.

- Il reviendra.

- Certains jours le ciel ressemble à une toile d’araignée. Il est gris et collant. On n’y voit pas à trois mètres.

- On s’habitue à ne rien voir. On marche et on rentre chez soi.

- Les insectes du brouillard qui entrent dans la lumière, d’un réverbère d’une fenêtre allumée, s’affolent et se perdent…. Ils disparaissent.

- Il marche vers l’obscurité. Il marche en direction de l’obscurité. Il ne regarde pas la lumière.

- S’il regarde la lumière une seule fois il est ébloui il s’affole il disparaît.

- Chaque minute je tremble.

- On a vu un homme.

- Qui a vu un homme ?

- J’ai vu un homme à côté d’une fille en minijupe.

- Il ne regarde pas la fille.

- Il fixe une tâche sur le sol.

- Son regard ne peut pas se détacher de cet endroit plus sombre et sale. Plus sombre et plus sale que les trottoirs maculés de la ville.

- Je n’ai pas vu son regard. J’ai senti seulement.

- Qu’est-ce que tu as senti ?

- Sa désespérance.

- Chaque jour je tremble.

- Chaque jour tu l’attends.

- Il ne reviendra pas.

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