Et , maintenant
La rue des lilas porte entre ses virages toujours quelques pierres en façade . Derrières les murs construits d’une immense minutie réside par ci par là des logements vacants .
La rue des loisirs où se baignaient les gamelles en vélo est parsemé de lierres entre les halos de lumières jusqu’à 23 h ça va de soi . De trous et rigolades de mes yeux où je m ‘égare parfois la bouche ouverte , les oreilles en épi , je guette .
La rue ruisselle entre souvenirs et hors la foi , des premières cigarettes , des premiers sur la bouche , des promesses en veux tu en voilà .
Les crapauds se chamaillent , ailleurs , le ruisseau est busé . Dévier , circuler y’a plus rien a y croire .
Abusé de mémoire , la rue , cette rue des lilas sent le fauve , sent la fuite sent le progrès , tu , cette odeur renifle , tu as froid ?
Personne ne réponds plus et pourtant j’ai la ribambelle des dizaines qui crépitent enfant je serai , enfant je deviendrai . En moi . La rue , la ruée où nous étions pour un sketch tous et toutes hors la loi .
J’ai dix ans je pédale car j’ai un vélo sans vitesse mais à moi .
J’ai vingt ans, ai fait des promesses qui bien sur le banc c’est fini l’arbre est mon écorce , ses racines ne sont plus là .
J’ai trente ans, parle à mon ventre ici vit , ici va .
J’ai dix de plus tu pédales à ton tour , « allez maman pousse toi » .
J ‘ai la rue des lilas .