Encrier 87

Textes de Lilah Texte de Lilah du 1er décembre

Enfant, Poupette s'arrête souvent devant la façade de la maison qui l’a vu naitre, qu’elle a dû quitter très jeune et où elle ne peut pénétrer, il n’y a ni porte ni fenêtres.

Elle entend et reconnaît les voix de son père, de sa mère, de son frère à l’intérieur !

Poupette l’ignore mais ils ont la tête à l’envers, des têtes chargées au point que la maison a basculé et s’en est retournée, comme le voilier a chaviré sous la tempête . Des troubles invisibles, des fêlures embusquées sous les crânes; peut-être aurait-on pu, si on y avait prêté attention, remarquer ce vent étrange qui circulait dans leur regard !

La maison reste toujours close devant Poupette malgré ses larmes .

Dans la maison voisine, habitée par les oncle, tante, grands-parents de Poupette, renversée elle aussi à cause du poids des problèmes nichés dans la tête et le corps , ils ont entendu les cris de l’enfant et, obsédés par de troubles désirs, ils lui ouvrent la porte, Poupette s’ engouffre, elle a si froid cet hiver-là.

Seule, la mère de Poupette passe d’une maison à l’autre; elle se plaît dans la deuxième; dès qu’elle se montre, la porte s’ouvre devant elle et elle embarque pour le voyage...

Poupette grandit au service de chacun et c’est là qu’elle voit pour la première fois le corps nu d’ un homme à la peau basanée, veloutée, qui semble si douce ! Elle s’ embrase, elle est emportée malgré elle…

Au fil du temps, jamais elle ne se sentira enveloppée par la plus petite marque de tendresse dans les bras de cet homme, dans les mots et les regards de tous les autres.

Et toujours elle revient devant la maison sans ouvertures des origines, toujours …

Les années passent peuplées de tout ce qui semble être des petits riens mais auxquels Poupette a su prêter une vive attention .

Bien longtemps après, ( tous sont partis dans l’au-delà ) Poupette, devenue grise de cheveux revient une dernière fois devant la bâtisse ...qui n’a pas changé.

La nuit suivante, elle rêve et le rêve se répète et se répète pour s’imprimer en elle comme la vérité: une femme, un peu sa mère mais pas tout à fait ouvre la porte de la maison et sans un mot conduit Poupette à la table familiale ...

Commentaires 1

  • Liseroon

    Magnifique! Enfin la place légitime devenue accessible. Enfin tous les possibles...à portée de main...à table!!!

    Liseroon

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