Encrier 87

Textes de Lilah Texte de Lilah du 27 février-Jeu4:écrit grâce à 4 paréidolies proposées par Magali du jeudi

Peut-être vous souvenez-vous de ce fait divers qui s’était produit au lac du Pont à l’Age, du côté de Saint Sulpice Laurière, il y a quelques années déjà, et dont la presse s’était largement emparée à l’époque.

Un promeneur qui découvrait le site déserté par les vacanciers, un matin de fin d'été, s’était ému de voir une mère et ses trois petits enfants se tremper dans cette grande étendue d’eau et il avait photographié la scène avec nostalgie.

Orphelin à cinq ans, il aurait tellement aimé que sa mère lui apprenne à nager; savoir nager dans la vie, il n’a jamais su vraiment malgré tous les livres qu’il a dévorés et auxquels il a donné sa confiance ! La plage était déserte, le flâneur a poursuivi sa route.

Mais après la baignade, seulement deux enfants accompagnaient la mère.

Le tribunal, saisi de cette affaire, n’avait que cette photo confiée par le promeneur pour tenter d’élucider la responsabilité de la femme mais la photo ne montrant que les dos s’était avérée inutilisable. Si elle avait été prise de face, le regard de la mère aurait certainement renseigné sur ses intentions, un regard ne ment jamais!

Le tribunal avait tranché: les deux enfants seraient placés dans des familles d’accueil différentes et la mère condamnée .

Ainsi placés, la seule idée qui obsédait les enfants et qui les empêchait de penser et d’apprendre était de ne pas être séparés. C’était plus fort que tout, ils n’auraient pas su dire pourquoi.

Alors chacun a construit puis mis à exécution une minutieuse stratégie pour s'échapper de sa maison d’accueil et retrouver son autre .

Ils ont arpenté les landes, gravi les montagnes, se sont travestis comme il ont pu pour échapper aux prédateurs embusqués dans les hautes herbes.

Chacun croyait en sa bonne étoile, sans savoir pourquoi.

Ils n’ont eu de cesse de parcourir le monde jusqu’au jour où l’un d'eux a rencontré un chêne creux qui semblait l’attendre; l'arbre lui offrait ses bras, ses chants d'oiseaux et l’hospitalité de son ventre maternel .

L’enfant, confiant, s’est installé comme chez lui; puis l’idée lui est venue( encore sa bonne étoile sans doute) d’accrocher devant la porte béante de l’arbre sa « maman bleue », ce talisman dont il ne se séparait jamais pas même pour dormir, un petit morceau de tissu restant du si beau rideau de la maison d’origine, choisi et cousu par la mère .

Avant l'Événement, dans les moments de tourments, sans savoir pourquoi, la main de l’enfant se saisissait de «sa maman bleue». Il la caressait, la respirait et l'énergie revenait toujours en lui.

Les enfants ont eu raison de ne pas baisser les bras parce qu'un jour, celui qui fouillait le monde est passé devant le chêne, il a reconnu l’étoffe, a pénétré dans le ventre de l'arbre et les enfants se sont retrouvés... sans trop d’étonnement: c’était écrit !

Ils sont restés là le temps qu’il a fallu, en silence, blottis dans les bras l’un de l'autre... et puis les mots sont arrivés. Les enfants ont échangé les souvenirs d’Avant. Jour après jour, ils ont replacé certains éléments du puzzle de l’ Histoire, des questions se sont posées , certaines sont restées sans réponse satisfaisante !

A un moment donné, la mosaïque de mots suffisamment avancée, les deux enfants ont ressenti que le temps de la séparation était arrivé et chacun a alors pu emprunter son chemin singulier, à l’écoute des surprises que la vie tient toujours dans ses mains .

Commentaires 1

  • Russelouve

    J'ai la gorge qui se serre de larmes et de joie. que dire d'autre qu'un merci infini pour tes mots.

    Russelouve

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