Encrier 87

Bill, ancien rocker, n’en croit pas ses mèches .

Lui qui a tant hurlé son lard sur les scènes, le voilà grotesque .

Il le sait au fond de lui.

Ce cinéma est le pire de tous les scénarios.

Muselé comme un chien avec la rage. Il n’a rien fait, rien de pire, rien de moins bien.

Il a fait de sa voix un délire , un jeu et si ses cris de fièvres avaient fait fondre la sueur de ce monde imparfait , aujourd’hui il ravale sa fierté d’homme libre , qui osait.

Il baigne sur la plage sa déshumance , entre ses fulgurances , rances et errance .

Elle est partie .

A se promener barricadé de l’organe qui a fait de lui un criard , doux rebelle , il perd , se perd.

Non loin de là , son ultime pote bassiste en amnésie , l’accompagne .

Devenu sourd il, hirsute de tant de folie, compte les galets .

La sienne aussi : partie .

La vie d’artiste ressemble aux autres vies . Parfois . Un peu . En pareil et en davantage de plus fort , de plus incertain, avec cette différence que demain c’est toujours très très loin .

Tu aimes plus fort , tu vis plus fort l’instant qui se prend, qui se vient et hop, un jour tout t’échappe , un jour tout te revient: Les abus égotiques , les excès excentriques , les soirées, les épiques moments de grâce et de fantaisie . La vie à 100 à l’heure , la vie pleine à toute heure car tu ne vois pas le train , la pendule , la sonnerie.

Tu es toujours en compagnie .

Elles sont parties.

Sans un mot, tout doucement, sans un bruit .

Pas même une chanson , un regard , un merci.

Les voies de l’inexplicable, les forces de vie.

Où sont – elles, qui les a prises ?

Pour quels démons ou diables.

Les sourires se meurtrissent : au fond des masques se trouve une fable:

«  La Fontaine » , reviens vite, je t’en prie !