1 - Elle m’agaçait.
Elle n’avait aucun sens de l’humour et se prenait très au sérieux.
Elle avait un regard de vache qui fait semblant de s’intéresser aux trains qui passent.
Elle avait la voix haut perchée, un discours toujours péremptoire.
Je haïssais tout en elle, de son profil de chouette exempt de toute humanité jusqu’à ses ongles vernis à la hâte et toujours écaillés.
Elle était un poids pour moi comme elle l’était sans doute pour toute la société.
Elle était à elle seule une erreur de casting, un acte manqué, un lapsus irréversible.
Je décidai qu’il était grand temps de la congédier.
Je branchai l’aspirateur, le grille-pain, le sèche-cheveux, la perceuse, l’ouvre boîte électrique et balançai tout dans la baignoire où cette grosse truie pensait se laver de tout soupçon.
Je vis mille fusées scintiller, mille étoiles faire la ronde au-dessus de sa tête.
Ce fut un beau feu d’artifice dont le bouquet final fut l’extinction définitive de cette vache qui n’aimait pas les trains.
2 - Elle est mère d’élève dans l’école que je dirige.
Cette gourde s’est même fait élire comme représentante de parents.
Elle a la suffisance des médiocres, l’insolence de son orgueil imbécile.
Elle a un pouvoir de nuisance bien supérieur aux sous-marins nucléaires qui croisent en haute mer.
Elle a ce petit sourire de satisfaction qui fait monter en moi des vagues de pensées meurtrières et me laissent comme mort.
Elle incarne tout ce que je déteste, l’arrogance et la perversité.
Impossible de terminer l’année scolaire dans de telles conditions.
J’ai un plan : La réduire définitivement au silence et tant pis pour la démocratie participative !
Un matin, je la ferai monter dans mon bureau sous un prétexte anodin.
Je fermerai la porte pour mieux gérer mon forfait.
Et là, d’un coup, je lui dévisserai le cou.
La mort sera instantanée.
J’enfermerai alors son cadavre dans la chambre du coffre-fort qui est assez grande pour accueillir les 12 parents d’élèves élus, si besoin.
En fin d’année, je changerai d’école et laisserai à mon successeur les dossiers non traités….
3 - C’est un crétin.
Une espèce qui n’est malheureusement pas en voie de disparition.
Il croit tout savoir.
Il a tout vu, tout entendu.
Face à lui, j’ai l’impression d’être un enfant brouillon aux doigts tachés d’encre.
Il me toise ou m’ignore.
Il ne prend la parole qu’à de rares occasions, quand il est certain que ses interventions vont sauver le monde.
Il a toujours raison et porte un regard dédaigneux sur nous tous, pauvres oiseaux débiles qui nous agitons dans tous les sens.
Il a le temps pour lui.
Sa démarche royale et son port de tête nous rabaissent sans cesse.
Il a l’aisance et la suffisance chevillées au corps.
Ce soir, il va ravaler sa superbe et mordre la poussière.
Je vais profiter d’une petite balade sur les quais de l’Arsenal pour le pousser à l’eau.
Ce dandy faussement esthète ne sait pas nager !
J’aurai tôt fait de me débarrasser de lui, quitte à me mouiller légèrement les manches en maintenant sa tête enflée d’imposteur sous les eaux calmes de la Seine….
Commentaires 4
Merci beaucoup pour ce retour et pour l'incitation à lire Max Aub que je ne connaissais pas.
Pierrot
Merci pour ces textes percutants qui fleurent l'humour noir . Faire dans la réalité la rencontre de telles personnes est à coup sûr une épreuve.
En te lisant , j'ai pensé un instant à Max Aub et à son livre :"Crimes exemplaires" qu'Encrier a évoqué en 2015 sur le site en citant neuf limericks "meurtriers":
http://encrier87.fr/textes/index.php?post/Rencontre-avec-Max-Aub-%3A-Limericks-assassins-%28extraits-de-Crimes-exemplaires-%29-183
ça va mieux en l'écrivant, tant nous sommes toujours le con d'un autre. Ainsi soit-il!
Comme ces textes sont emplis de poésie, de douceurs créatives, d'une certaine exubérance joviale.
Je comprends cet engouement et aurais la faiblesse de partager ces sentiments, que nous aurions parfois envers certains de nos contemporains.
Notamment parmi ceux proches de nous et que nous aurions tendance à detester pour de multiples raisons,dont celles décrites ici.
Ma foi cette envie à les couler dans le beton, les pousser dans un bain d'acides et autres distractions qui nous raviraient, pour ne plus avoir à les supporter, ne sont pas dénués de sens.
Evidemment, tout cela n'est que la source de notre imagination, qui,quand même,
nous propose, des éléments de réflexion sur " comment se débarrasser de notre prochain" quand il nous irrite au plus haut point. Cela ne sera bien sûr jamais réalisé, quoi que...
Bon je vous laisse je dois dépendre un cadavre qui sèche depuis 6 mois dans la chambre froide.