Les Monts Jinting en automne (86x41,7cm) Paris-Musée Guimet
Le long des chemins, en maints lieux traversés :
Traces de sabots, sur le tapis de mousse…
De blancs nuages entourent l'îlot paisible :
Derrière les herbes folles, une porte oisive.
Contempler, après la pluie, la couleur des pins
Puis atteindre, au-delà du mont, la source.
Une fleur dans l'eau éveille l'esprit du Chan.
Face à face : déjà hors de parole.
Liu Changqing (VIIIe siècle)
La mise en page du paysage, en trois étages, fortement symbolisés, parle au cœur de tous les Chinois : la cabane de l'ermite, au premier plan, non loin de la rivière assagie; la libre forêt un peu plus haut, parcourue d’eaux sauvages; la montagne hors d’atteinte enfin, où jouent sans contrainte les nuées.
L'originalité réside ici, dans la façon dont est suggérée l'unité de ces trois « mondes ». Le chemin des brumes lointaines et celui de l’onde familière se prolongent l'un l'autre, rappelant la circularité du grand Tout. Entre eux, la cascade « au chant pur » forme le lien, ramifiée par quelques rochers saillants, partagée elle-même entre vide et plein. Le sage saura quel sentier emprunter pour atteindre la source.
(François Cheng-Shitao(1642-1707)-La saveur du monde-Phébus (1998)-extrait de la page 86)