SUR LA CIME DES MIRACLES (A csodák föntjén )
Csillag-zuhitó angyal-trombiták
Piros hangjára addig-addig lestem,
Mig megérkeztek a káprázatok
S csodáit küldi, - piritva a testem,
- A nyolcadik angyal: a Láz.
La rouge sonorité des trompettes d'anges d'où chute
Un torrent d'étoiles , un temps si long , si long je fus à son affût
Qu'en dedans de ce temps les scintillements me sont parvenus
Et je reçois en don , dessus mon corps brûlure ,
Les miracles du huitième ange : L'ÉTAT DE FLAMME.
Minden rendestõl eltéptem magam,
Szemem prédáit mind összezilálom,
Életem száz mással elegyitem,
Csapdoshasson vitézül föl az álom
S száz szinû álom-rettenet.
Je me suis , me lacérant , coupé de toute loi .
J'embrouille ce que mes yeux prirent en proie ,
A cent autres vies je mêle ma vie sans moi
Afin que , se colletant , héroïquement le rêve
Et l'affre du dedans le rêve avec cent couleurs se lève .
Csodálatos, képes rettenetek
Szent zavaros kora, ime, szakadt rám,
Ülnek bennem viziók és valók
Szerelmesen, fájón összetapadván,
Hogy minden: ugyanegy legyen
Une sanctifiée , troublée période de figuratives figurées
Épouvantes miraculeuses , vous le voyez , a sur moi croulé .
Il y a chez moi session de visions et de réalités
Amoureusement , douloureusement entrelacées .
Le but du tout : que tout se fasse unité !
Igy, az üröm és halál-vágy után
Teljességessé, fantomossá válok,
'' Reggelt, oldást, bizonyt nem keresek'
S leráztam a csak-ez és csak-egy jármot:
Minden az így és az-az-egy.
Ainsi , l'instant d'après le fiel et l'appétit
De mourir , plénitude et fantôme à la fois je suis ;
D'aube , de solution , de certitude , plus n'en poursuis ;
J'ai jeté bas le joug du "seulement-cela" ,"seulement-ceci";
N'importe quoi de n'importe quoi , je le subis .
A Láz és én vagyunk ma a világ,
Nem sietek, mert már el ugyse kések,
Csillag-zuhitó angyal-trombiták,
Száz élettel fölérõ jelenések
Visznek csodák föntjére föl.
La Flamme et moi nous sommes à présent l'Univers .
Je ne me hâte pas , car je ne suis plus retard .
Des trompettes d'anges , d'où chute un torrent d'étoiles ,
Des visions qui sur cent vies sont supérieur espace
Jusque sur la cime des miracles , me portent , m'emportent .
André Ady - En tête des morts 1919-Traduction de Armand Robin-
(page 151-153 de André Ady , Poèmes édition Le Temps qu'il fait 1981)
Article sur Ady Endre : Cliquer ICI
Choix de poèmes de Ady : Cliquer ICI
Voila ce que Armand Robin dit de ce poème (dans le livre "Poésie sans passeport" , page 46 ) :
"Les deux textes , le hongrois et le français , sont ici les mêmes en l'esprit et en littéralité . Mais il me semble qu'ils peuvent vivre unis et séparés , identiques et différents ; ils ne sont plus l'un à l'autre ; l'un et l'autre appartiennent à je ne sais quel souffle supérieur qui passe par eux et qui les emporte en un règne où il n'y a plus ni français ni hongrois et où la notion de traduction n'a plus aucun sens ."
Et Françoise Morvan , dans sa préface de "Poésie sans passeport" , écrit page 30 :" Si Robin se plaît à accentuer le mythe de la traduction comme union mystique du poète et de son traducteur dans "On ne sait quel souffle supérieur qui passe par eux et qui les emporte en un règne où il n'y a plus ni français ni hongrois et où la notion de traduction n'a plus aucun sens ", c'est que ce travail singulier tend vers la fusion , en effet , donne à ses meilleurs moments une perception océanique des langues."
D'ailleurs , dans l'avant-propos du premier volume de Poésie non-traduite I , Gallimard , 1953 , p.11 , Robin "donne ce qu'il appelle "non-traduction" pour une hyper-traduction médiumnique" :
" …Cheminant d'ère en ère , me combattant à chaque pas , je me fis tous les grands poètes de toutes les langues . J'atteignis un Eden d'avant la Tour de Babel ; tous y parlaient une outre-langue ; araire allègre , mon âme y buta de souche en souche au long de la parole intègre . Je me perçus général et universel . Je jalousai le Verbe . Je fus heureux .
Eux-moi sommes UN . Je ne suis pas face à eux , ils ne sont pas face à moi . Ils parlent avant moi dans ma gorge , j'assiège leurs gorges de mes mots à venir . Nous nous tenons son à son , syllabe à syllabe , rythme à rythme , sens à sens , et surtout destin à destin , unis et séparés en sang et en larmes , ontologiquement sans félonie --eux-moi intact UN . "