Écoutez Yvon Jean
XXXIV LE CIEL ÉTOILÉ
III
Te souviens-tu mon Lou de ce panier d’oranges
Douces comme l’amour qu’en ce temps-là nous fîmes
Tu me les envoyas un jour d’hiver à Nîmes
Et je n’osais manger ces beaux fruits d’or des anges
Je les gardai longtemps pour les manger ensemble
Car tu devais venir me retrouver à Nîmes
De mon amour vaincu les dépouilles opimes
Pourrirent J’attendais Mon cœur la main me tremble
Une petite orange était restée intacte
Je la pris avec moi quand à six nous partîmes
Et je l’ai retrouvée intacte comme à Nîmes
Elle est toute petite et sa peau se contracte
Et tandis que les obus passent je la mange
Elle est exquise ainsi que mon amour de Nîmes
Ô soleil concentré riche comme mes rimes
Ô savoureux amour ô ma petite orange
Les souvenirs sont-ils un beau fruit qu’on savoure
En mangeant j’ai détruit mes souvenirs opimes
Puissè-je t’oublier mon pauvre amour de Nîmes
J’ai tout mangé l’orange et la peau qui l’entoure
Mon Lou pense parfois à la petite orange
Douce comme l’amour le pauvre amour de Nîmes
Douce comme l’amour qu’en ce temps-là nous fîmes
Il me reste une orange
un cœur un cœur étrange