Association Encrier - Poésies

Rencontre avec des Peintres Rencontre avec Brueghel : Le Combat de Carnaval et de Carême

Extrait du texte accompagnant le tableau de Brueghel l'Ancien dans Carnavals et mascarades(Bordas-Spectacles 1988-Page 12- (Cl.Gaignebet et O.Ricoux)

De la naissance à la mort , de Noël à Pâques en passant par le temps pivotal de Carnaval , le calendrier liturgique invite les chrétiens à retracer annuellement en un cycle d’environ 90 jours les événements des 33 années de la vie du Christ .Ce cycle renvoie le fidèle, et en fait tout homme, au monde clos où est inscrit sa propre vie et où les périodes du temps — de Noël à Mardi Gras, des Cendres à Pâques— luttent entre elles, meurent ou renaissent. L‘allégorie chère au Moyen Âge a volontiers, dans la littérature, les jeux cérémoniels ou l’ iconographie, personnifié Carnaval , Carême ,l’Alléluia ,et figuré leurs luttes.

Si c'est bien un de ces combats allégoriques que représente Peter Brueghel l'Ancien dans le très célèbre Combat de Carnaval et Carême exposé au KunsthistiritschesMuseum de Vienne , il emprunte pourtant fort peu aux formes littéraires ou cérémonielles , tout au plus sans doute l'idée de combat. Les nombreux parallèles iconographiques, loin de réduire le tableau à la banale reproduction d'une scène conventionnelle, font apparaître une double originalité :

— le combat de Carnaval et de Carème n'occupe qu'une faible partie du premier plan contrairement à la majorité des autres œuvres consacrées au même thème.

—l'analyse attentive des diverses scènes qui composent le tableau révèle la présence d'un temps , non pas unique mais multiple. Brueghel dispose très précisément dans l'espace les éléments d’un temps qui va de Noël à Pâques.

Le peintre figure donc un cycle calendaire dont le combat n’est qu'un épisode . L’arrière-fond du tableau vient confirmer cette impression de cycle temporel : arbres dénudés du côté hivernal de Carnaval, feuillus du côté du Carême printanier. La nature participe ainsi d'une façon discrète mais révélatrice au rythme cyclique des fêtes calendaires . C’est faute d’avoir identifié chacune des scènes selon un calendrier précis qu’ historiens de l'art ou folkloristes, déroutés, ont renoncé à l'interprétation systématique du tableau.

Brueghel ne présente aucune séparation entre les saynètes de même que dans un dessin à la plume de 1565 consacré au thème du printemps , il ne sépare aucunement les différentes activités des trois mois de cette saison. Dans ce cadre unique tout semble simultané, pourtant l'ensemble recèle une multiplicité de temps .L’image devient signe , destiné à suggérer l'invisible : ce que Brueghel montre, nul ne l’a vu, car nul ne peut voir en même temps Noël et Pâques , l’hiver et le printemps.

Le géographe Abraham Ortelius ne s ‘y 'était pas trompé, qui voyait dans la peinture de son ami « plus de pensée que de peinture » .« Notre Brueghel peint bien des choses qui ne peuvent être peintes » . Un tel jugement convie à envisager l'œuvre de Brueghel dans une perspective plus sémantique que proprement esthétique.

(Page 12- Cl.Gaignebet et O.Ricoux)

Le cycle de carnaval

A Noël

B l'Épiphanie

C la procession des lépreux

D le roi des Enfants

E Valentin et Ourson

F une ronde

G l'auberge de la Nef bleue

H le "dônage" ou les fiançailles malpropres

I le petit roi de carnaval

J les activités générales de carnaval

K le jeu du pot cassé

L le carnaval et sa suite

Le cycle du carême



M la sortie des humbles

N les poissonnières

O les mendiants

P la procession des Rameaux

Q L’ostension des reliques

R le vendredi saint

S l'Alléluia chassé

T les petits quêteurs du samedi saint

U la vieille de carême

V le seau tiré du puits

W la maison de Pâques

X le fou de Pâques

Extraits du livre ci-dessous (éditeur Bordas),pages 14 à 21