un cercle de neige tient dans sa fermeture inexorable
les trois arbres
la maison
la campagne
les deux amants
il n'est dépassé que par un autre cercle
l'entourant entièrement
de sang
paprika de demain
le double anneau entoure la planète
entourage dangereux
un oiseau phœnix
un oiseau maigre
un oiseau en projet
en épure d’oiseau
traverse comme une règle le haut de la plaine
en bas
un autre plus que squelettique encore
dressé
vrai appareil à être oiseau
et deux plus bas dans les branches
ployés
reptiliens comme on dit qu'ils furent dans la nuit du jurassique
car on vit dans cette grande grenade
ceinturée de mal
pourvu qu'on se fasse petit
soit arbre ou oiseau
ou homme et femme
ceux-ci leur cœur est leur voyage
ils ne sont pas grands
ils ne tiennent pas à être plus grands
ils n’en ont plus besoin
ils sont à la hauteur l'un de l'autre
ce ne serait pas prudent non plus…
l'hiver les entoure sans les toucher encore
sans lever la tête
ils savent qu'ils vivent dans les cerises
Henri Michaux- Oeuvres complètes-édition de la Pléiade-Gallimard, page 272 du Tome 2