Association Encrier - Poésies

Rencontre avec le calendrier Rencontre avec le calendrier de Janvier (Très Riches heures du Duc de berry

Le duc de Berry, assis en bas à droite, dos au feu, est habillé de bleu et coiffé d'un bonnet de fourrure. Il invite ses gens et ses proches à se présenter à lui. Derrière lui figure l'inscription « Approche Approche ». Plusieurs familiers du duc s'approchent de lui pendant que des serviteurs s'affairent : les échansons servent à boire, deux écuyers tranchants au centre sont vus de dos ; au bout de la table officie un panetier. Au-dessus de la cheminée figurent les armes du duc, « d'azur semé de fleurs de lys d'or, à la bordure engrêlée de gueules », avec de petits ours et des cygnes blessés. Plusieurs animaux de compagnie sont représentés : petits chiens sur la table, lévrier au sol. La tapisserie du fond de la salle semble représenter des épisodes de la guerre de Troie

Janvier

Dans les calendriers des livres d'heures, l’image de janvier, c'est un bon vivant qui se régale, dos mur, ventre à table. Le bon vivant, ici n'est autre que le duc de Berry, dont nous découvrons, sous une toque de fourrure timbrée d'un radieux solitaire, le profil épaissi par l’âge. Il a bien le dos au feu —mais protégé des flammes de la haute cheminée par un écran de vannerie — et le ventre à table : une table bien garnie, où ses chers petits chiens aussi trouvent leur compte. Et rien ne manque à sa gloire : au-dessus de sa tête, le dais à ses armes, orné de ses ourss et de ses cygnes : derrière, une tapisserie de bataille qui est peut-être celle qu'en 1385 on lui tissai sur place dans la grande salle palais royal de Bourges où se situerait alors la scène ; devant lui, sa belle « salière du Pavillon », en or, à quoi répond, à gauche, tout un tas de pièce d'orfèvrerie ; et ses pages, somptueusement vêtus, qui le servent et tous ces visiteurs auxquels son chambellan, en manteau aux couleurs du dais, dit : «  Approche approche », et qui sans doute lui apportent à l'occasion de l'an neuf leurs vœux et aussi leurs présents, non sans espérer de belles étrennes.

Texte de Edmond Pognon- Conservateur en chef à la Bibliothèque Nationale(1979)