_Début de l'article référencé ci-dessous__ :
"L’ouvrage Le Ton beau de Marot. In Praise of the Music of Lan- guage1(Douglas R. HOFSTADTER, (Le Ton beau de Marot. In Praise of the Music of Lan guage), New York, Basic Books, 1997
est l’aboutissement d’un jeu de traduction qui dura près de dix ans.
Lors de l’été 1987, Douglas R. Hofstadter, cognitiviste féru de langues, exhume de sa mémoire un poème de Clément Marot, « À une Damoyselle malade » (Octobre 1537), poème que le jeune étudiant américain qu’il fut avait soigneusement et amoureusement appris au point de le ressusciter deux à trois fois par décennie.
D’abord objet d’un défi personnel, la traduction de ce poème devient à partir de la fin de l’été l’enjeu d’un défi collectif : entre cinquante et cent proches, amis et collègues du monde entier sont mis à contribution et se voient défiés de produire au moins un « équivalent artistique » du texte- source.
De 1987 à 1995 le jeu prend de l’ampleur jusqu’à donner un énorme ouvrage de 632 pages : l’opus comprend une sélection de 60 traductions dont 40 sont commentées et des chapitres intercalaires sur la traduction, la cognition ou l’Intelligence Artificielle (I.A.). Le défi dans le défi consista à en terminer la rédaction à Cahors, ville de naissance de Marot, pour le 23 novembre 1996, jour du 500e anniversaire de la naissance du poète.
Après l’exposé de l’exercice de style orchestré par Hofstadter, des traductions commentées seront présentées et décrites ; puis certains des postulats ayant présidé à l’élaboration de cet ouvrage seront à leur tour explicités et placés en perspective."
(Extrait de l’article de Christine Chollier :Marot et Marotte au Pays de la Traduction.)
Christine Chollier; Jean-Michel Pot- tier; Alain Trouvé. Paroles de lecteurs 2, Poésie et autres genres, Editions et presses universitaires de Reims, pp.39-61, 2019, Approches interdisciplinaires de la lecture, 978-2-37496-093-7. hal-02561336
LIEN :
https://hal.univ-reims.fr/hal-02561336
:::::::::::
Peu après la page 352, dans Poems XII Gallic Twists, Douglas Hofstadter publie une version "actualisée" du poème de Marot sous le titre "Salut, Ma Vieille" par François Récanati (qui est directeur de recherche au CNRS, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et professeur au Collège de France) et il fournit sa propre traduction de cette version du poème : cela donne
Salut, Ma Vieille !
Ça fait une paye
Que t’es au pieu
Guéris, bon dieu —
Reste pas au trou !
Au lieu de crou -
pir dans ton lit,
Sans autre ali-
ment que gélules,
Sors de cellules :
Va prendre l’air.
Mange un éclair
Au chocolat .
Ce régime là
Te convient mieux,
Crois-en ton vieux
Clément . Sois forte,
Fais pas la morte !
Cloîtrée, pâlie,
Toi si jolie,
Tu vas maigrir.
Faut te nourrir !
Je prie pour que
Chaque jour que
Dieu fait, ma caille
Chérie, tu ailles
Mieux que la veille.
Salut, ma vieille !
::::
Old gal, God bless
Old gal, God bless!
Long’s been your stress,
Sick in your sack.
By God, bounce back—
Don’t stay in stir !
Instead of tur-
ning blue in bed,
With only med-
icine to taste ,
Quit jail in haste :
Go sniff to air.
Munch an eclair
With chocolate cream.
This dream regime
Will cure your cold,
Believe your old
Clément . Be brave,
Don’t tempt the grave !
Sequestered, pale,
Thou lovely frail,
You’ll soon grow thin.
Food must go in !
And thus I pray
That each new day
God makes, my quail
So sweet, you ail
A little less.
Old gal, God bless !